Edito
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4 piliers pour une église locale vivante

20 siècles d’histoire de l’Eglise devraient nous inciter à étudier ce sujet de plus près pour en tirer des conclusions. Ses débuts, ses victoires, ses chutes, ses courants théologiques, ses déviations, ses divisions, ainsi que ses élans et ses réveils, bref tout son pèlerinage à travers les siècles nous enseigne l’importance capitale de la parole de Dieu, seule norme de foi pour l’Eglise. L’histoire théologique est utile à toute l’oeuvre missionnaire, car elle nous apprend à éviter les erreurs du passé. On constate aussi que certains mouvements chrétiens sont nés parce que l’Eglise n’a pas su totalement assumer sa mission comme «sel de la terre». Ainsi, au 19e siècle, Dieu a suscité un mouvement qui a grandement contribué à remettre en lumière la simplicité du rassemblement des chrétiens en une église locale. Il a connu une extension rapide et bénie dans le monde entier; des noms de grands hommes de Dieu comme A. N. Groves, J. N. Darby et G. Müller y sont étroitement liés. Des milliers de chrétiens avaient quitté les églises multitudinistes sans vie pour se réunir simplement au nom du Seigneur Jésus-Christ. Des centaines d’églises se sont ainsi constituées et de nombreux hommes instruits s’y sont joints. L’esprit missionnaire avait touché un grand nombre d’hommes et de femmes qui consacraient leur vie tout entière au service du Seigneur dans une terre lointaine pour gagner des âmes à Christ. L’influence de ce mouvement des Frères («Plymouth Brethren») à été telle que l’Eglise dans le monde entier a été marquée par un certain retour à cet impératif fondamental de l’implantation d’églises locales qui portent les caractéristiques d’Actes 2.42: Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Ces quatre piliers constituent le secret d’une Eglise forte et pleine de vie, servant de base à une évangélisation permanente.

Dieu veut une Eglise pour lui. Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole, pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut (Eph 5.26-27). Ainsi, le Seigneur met l’accent sur la croissance spirituelle et la préparation pour la gloire. La croissance du nombre des disciples est son affaire, et c’est lui qui ajoute à l’Eglise ceux qui doivent être sauvés (Act 2.47).

Le verbe «persévérer» a le même sens que «tenir fermement attaché à» (Rom 12.12; Col 4.2). Combien d’églises ont bien commencé dans ces quatre vérités, mais n’y oint pas persévéré, ayant fléchi sous des obstacles et des attaques éprouvants. Le livre des Juges est instructif à cet égard. Israël abandonna l’Eternel au lieu de persévérer dans l’obéissance à la loi de l’Eternel (Jug 2.12; 10.6). Les conséquences en furent désastreuses.

La persévérance exige une discipline personnelle et collective; une des caractéristiques de nos jours est la voie du moindre effort, de la moindre résistance, de lia facilité, ce qui va à l’encontre de la persévérance. Le matérialisme, le bien-être, les commodités et les moyens techniques modernes y sont pour beaucoup. Toutefois, déjà les chrétiens hébreux étaient en danger d’abandonner leur assemblée (Héb 10.25). L’auteur de l’épître les exhorte à persévérer dans leur église en s’incitant les uns les autres à l’amour et aux oeuvres bonnes (v. 24). Nous devons éviter les deux extrêmes: soit de nous complaire dans l’isolement sans appartenir à une église locale fidèle, soit en pratiquant un tourisme «partoutiste» dans les églises de notre coin sans nous fixer quelque part. Dieu nous veut dans une église locale, où nous avons à manifester nos dons de service et à partager nos joies et nos peines avec nos frères de la même communauté.

1er pilier: l’enseignement des apôtres

Le but du Saint-Esprit visé ici est le perfectionnement des saints et leur affermissement (Eph 4.11-15). L’instruction systématique de tout le dessein de Dieu (Act 20.27) constitue la base de la foi. On devrait aussi inclure un programme d’enseignement apologétique pour affronter les divers courants philosophiques et idéologiques contemporains en vue d’une meilleure approche dans l’évangélisation. Ne délaissons pas l’instruction de la jeunesse dans nos assemblées. Si nous la formons dans les vérités bibliques, des bénédictions seront en réserve pour elle et leurs églises (Prov 22.6, 15; 29.17). Ayant à notre disposition de nombreux dictionnaires, commentaires bibliques et autres livres d’étude thématique excellents, nous devrions en profiter pour nous former continuellement. Il va sans dire que l’enseignement biblique passe de l’observation et de l’interprétation à l’évaluation et à l’application de textes dans la vie personnelle, de famille, d’église et dans la vie face au prochain tout court. Une réunion d’église a pour but d’affermir la vie nouvelle du croyant pour la rendre conforme à l’image de son Fils (Rom 8.29). La prédication et l’étude biblique, quelle que soit leur forme, sont capitales dans la vie de l’Eglise. D’autre part, les exhortations de nous instruire et nous édifier mutuellement s’adressent à chacun dans l’Eglise, et dans ce sens l’enseignement des apôtres prend le caractère d’une instruction collective et réciproque, sans anarchie, dans l’ordre et l’harmonie. Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix (1 Cor 14.33).

Rappelons-nous que l’enseignement des apôtres est complet et contient l’A. T. et le N. T. C’est ce que Jude appelle la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 3). Toute prophétie qui rajoute d’autres éléments à la révélation de Dieu formulée dans les Ecritures Saintes est une contre-façon. Le canon est complet; Dieu nous a donné tout ce qui nous est nécessaire.

2e pilier: la communion fraternelle

Devenus participants de la nature divine (2 Pi 1.4) par le baptême dans le Saint-Esprit qui nous a intégrés dans le corps de Christ (1 Cor 12.13), nous faisons partie de la famille de Dieu. Nous avons un salut commun (Jude 3) et une foi commune (Tite 1.4). Notre communion est avec le Père et le Fils (1 Jean 1.3, 24), mais aussi avec tous les frères en Christ qui marchent dans la lumière (1 Jean 1.7).

Le partage dans l’église doit se concrétiser par un souci réciproque d’une croissance normale en Christ. Dans cette marche, il y a des obstacles à franchir: des difficultés de toutes sortes, la solitude, les épreuves, etc. Comment surmontons-nous ces obstacles, si la communion fraternelle reste lettre morte? L’être humain créé à l’image de Dieu est sociable. Les trois Personnes du Dieu trinitaire communiquent constamment entre elles: faisons (Gen 1.26), allons, descendons… confondons (Gen 11.7); or Dieu a mis ce même besoin de partage dans le coeur de l’homme.

Veillons donc à cultiver les relations fraternelles dans l’église, notamment par le développement de l’hospitalité. Cela favorise la compréhension mutuelle et approfondit l’affection fraternelle. Organisons des repas, des sorties, des week-ends et des vacances en commun. C’est un enrichissement mutuel sur le plan de nos personnalités par l’engagement de notre intelligence pour nous instruire et nous avertir; de notre sentiment pour nous encourager et nous consoler, et de notre volonté pour nous exhorter et nous stimuler à avancer.
 L’église locale est-elle un lieu de repos, de désaltération et de partage face à tout ce que le monde offre? Notre amour mutel manifesté concrètement dans l’église fera envie à ceux qui sont sans Christ et qui «connaîtront que nous sommes ses disciples» (Jean 13.34-35). Aussi, la louange, le chant, la fraction du pain doivent-ils refléter l’expression de la communion fraternelle.

3e pilier: la fraction du pain

L’Eglise primitive célébrait la Cène au moins une fois par semaine, au jour du Seigneur (Act 20.7). Ainsi la Didaché (fin du premier siècle) recommande: «Réunissez-vous le jour dominical du Seigneur (kuriakèn kurion), rompez le pain et rendez grâces après avoir confessé d’abord vos péchés» («Pourquoi l’Eglise?» par A. Kuen, p. 50-51, éd. Emmaus, 1806 St-Légier, Suisse). Le repas du Seigneur est le moment culminant du culte d’adoration, car les yeux de ses disciples sont fixés sur lui, sur son oeuvre rédemptrice accomplie à la croix, où la grâce et la justice se sont rencontrées (1 Pi 2.21-25). Autour de la table du Seigneur, nous exprimons la communion avec le Seigneur et avec nos frères, tous partie intégrante du corps de Christ (1 Cor 10.17; 12.13; Eph 4.16).

Cela implique aussi ma responsabilité de suivre Jésus, de ne pas laisser un différend avec mon frère avec qui je partage ce repas et de ne pas vivre dans le péché. Le repas du Seigneur ne se prend pas à la légère. Le péché y est confessé et jugé. La Cène ne devient donc pas une simple habitude, car chaque fois chacun s’éprouve, chacun se juge pour discerner s’il y a quelque chose qui le sépare de son Seigneur et de son frère (1 Cor 11.27-32). Cela signifie qu’il y a une discipline à la table du Seigneur.

Ce mémorial si solennel est un enrichissement, car chaque fois on découvre une autre facette de la personne bénie du Seigneur Jésus-Christ à travers la Bible. Cela nous rapproche de lui et les uns des autres.
 Parce que le disciple fait partie du corps de Christ, il participe à la fraction du pain. C’est un repas d’amour où l’on manifeste son attachement au Seigneur et sa communion avec les frères et soeurs participants. Si nous vivons dans la lumière, ces moments d’adoration autour de la table du Seigneur deviennent grandioses et fascinants.

4e pilier: les prières

Tout au long des Actes, l’auteur inspiré donne la démonstration d’une Eglise naissante avec les apôtres, dont la dominante était la prière (1.14,24; 4.24; 6.6; 7.59-60; 8.15; 12.12; 13.2-3; 14.23; 16.13,25; 20.36; 21.5). Une église qui néglige la prière recule. La prière sous ses différentes formes (louange, adoration, actions de grâces, intercession, combat, supplication, requêtes) doit avoir une large place dans l’Eglise. En vertu de l’oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ, nous pouvons nous approcher librement de Dieu, car nous avons été rendus agréables dans le bien-aimé (Eph 1.3-8). Le Dieu infini, personnel et trinitaire, notre Père céleste, nous a appelés à cultiver une relation intime, personnelle avec lui par le Saint-Esprit. Bible ouverte et aux pieds du Seigneur, nous découvrons sa gloire, sa grâce et notre misère. Ce n’est que là que nous pouvons accepter la crucifixion de notre égocentrisme.

L’Eglise de la fin du 20e siècle a appris des techniques et des méthodes de croissance numérique et d’évangélisation. Nous tentons d’évaluer «nos succès» en chiffres et en statistiques, en oubliant parfois que Dieu voit «son succès» selon ses principes à lui. La prière est un de ses principes. L’Eglise a-t-elle oublié que lorsque l’Eglise primitive priait à Jérusalem, le lieu tremblait (Act 4.31)? A-t-elle oublié qu’elle a un combat gigantesque et continu à livrer contre les puissances des ténèbres (Eph 6)? Accomplit-elle l’ordre de l’Eternel de publier ses louanges, ayant été formée comme peuple pour cela (Es 43.7,21)? Dieu répond encore aujourd’hui puissamment à la prière collective de l’Eglise (Act 12.12). Des centaines de promesses encouragent l’assemblée qui prie avec régularité et avec ferveur. Les anciens devraient tout faire pour mobiliser la communauté à prier individuellement, en famille, en groupes et en réunion.

Un enseignement méthodique sur la prière devrait être prodigué. Pourquoi ne pas établir un plan de prière (adoration, besoins dans l’église locale, mission, évangélisation, etc)? Rendons ces rencontres variées. Avons-nous pensé à la valeur du jeûne? Si nous voulons obtenir des victoires, des délivrances des liens du péché, de l’occultisme, etc., le combat dans la prière et dans le jeûne devient partie intégrante de la vie de l’église locale. «La prière énergique du juste a une grande efficacité» (Jac 5.13- 18).

Puissent ces réflexions stimuler les anciens et les responsables d’églises à rendre le troupeau du Seigneur plus conforme à son image.

Henri Lüscher
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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.