Série: Le Saint-Esprit donné
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Le Saint-Esprit donné (5)

Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Lus Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la hase de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative: étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations.

IV. La manifestation de l’Esprit: la foi chrétienne

Préambule: foi, espérance, amour

Pour traiter le sujet de la manifestation de l’Esprit selon le NI’, il est nécessaire d’esquisser toute la doctrine du NT concernant le Saint-Esprit. Tout le poids de l’oeuvre de l’Esprit porte sur la foi, ce qui signifie: sur Jésus-Christ. L’espérance et l’amour ne sont pas des alternatives, ni des suppléments, ni encore des perfectionnements de la foi, mais le fruit spirituel de la foi même. Ce fait nous est indiqué par l’apôtre Paul dans Gal 5.5-6: Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit l’espérance de la justice. Car en Christ-Jésus, ce qui a de la valeur ce n’est ni la circoncision ni l’in circoncision, mais la foi qui est agissante par l’amour.

     L’Esprit se manifeste par la foi dans la vie du chrétien, qui est faite d’espérance et d’amour. Le premier fruit que produit l’Esprit, c’est l’assurance de la foi, suivi par l’objectif de l’espérance et la patience de l’amour. Ce sont là les manifestations les plus évidentes de la présence de l’Esprit dans la vie des croyants. Nous allons donc examiner chacune de ces manifestations: foi, espérance et amour Nous verrons que l’action du Saint-Esprit est parfaitement christocentrique.

A. L’assurance de la foi

1. Après avoir jeté les fondements théologiques de l’oeuvre rédemptrice de Christ dans les épîtres aux Galates et aux Romains, Paul arrive chaque fois à la conclusion suivante: le rôle essentiel, sinon primaire, de l’Esprit est de donner aux hommes la foi en Dieu le Père:

Parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, qui crie: Abba! Père! Ainsi ta n’es plus esclave, mais fils, si ta es fils, ta es aussi héritier grâce à Dieu (Gal 4.6).

Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dam la crainte. mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! père! L ‘Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 0r si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ… (Rom 8.15-17a).

La capacité de crier «Père!» est l’oeuvre et donc la manifestation de l’Esprit du Fils. La première preuve que l’Esprit est à l’oeuvre est la foi chrétienne en Dieu le Père, et en même temps la prière adressée au Père.
 Dans ces textes parallèles, l’Esprit est intentionnellement nommé l’Esprit du Fils, non seulement parce que l’Esprit appartient au fils et est donné en lui. mais parce que l’oeuvre de l’Esprit est d’assurer les croyants que, par le Fils, ils sont véritablement fils de Dieu.

La plénitude de la grâce et la perfection de l’Evangile, c’est que non seulement le Père a envoyé le Fils pour le salut des hommes, mais il envoie aussi l’Esprit de son Fils «en bas» avec l’Evangile chrétien, et puis «en haut» dans la prière chrétienne, afin que les hommes puissent avoir le salut et savoir qu’ils l’ont. Descendu du ciel à travers l’Histoire pour entrer dans le coeur et retournant au ciel par la prière, voilà un circuit qui est dû à Dieu seul: Tout est de 1ui par lui et pour lui (Rom 11.36).

2. La signification de ce circuit trouve un commentaire dans Rom 5.5: L’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

Cette dernière proposition relative fait ressortir le fait que l’Esprit est un don divin et ne peut être obtenu par l’homme de quelque manière que ce soit. La forme grammaticale du verbe «donner» est au temps aoriste en grec et signifie «donné une fois pour toutes», au moment de la conversion.

Par contre, le verbe «répandre» est au parfait, ce qui indique que l’amour une fois versé dans les coeurs avec l’Esprit donné y continue constamment son oeuvre.

Tout enseignement qui laisse entendre que l’Esprit ne fait qu’introduire l’amour dans le coeur et ensuite le quitte jusqu’à ce que le croyant soit devenu assez obéissant ou se soit suffisamment vidé pour mériter que l’Esprit vienne habiter en lui, coupe le croyant du fondement à partir duquel il se sait aimé de Dieu en tant que son enfant.

3. Dans les trois textes cités plus haut, le ministère de l’Esprit a pour effet d’ouvrir le coeur du croyant à la connaissance de l’amour de Dieu. C’est aussi cette vérité qui apparaît dans 1 Cor 2.12:

Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin de savoir ce que Dieu nous a donné par grâce.

Paul s’adresse à tout chrétien de l’église de Corinthe (et au-delà) comme ayant reçu l’Esprit de Dieu (il dit: nous), dont le but est de faire comprendre la grâce. Ce que Dieu donne est gratuit. Le plus important de ses dons gratuits est le Saint-Esprit, qui permet à l’enfant de Dieu de comprendre ce qui lui est donné et d’en être assuré.

Il est intéressant de constater que le ministère de l’Esprit ne consiste pas ici à révéler des choses futures, cachées, mystérieuses, mais des choses déjà reçues. L’Esprit n’attire pas l’attention sur lui-même, mais sur la grâce. C’est la grâce, et non l’Esprit lui-même, qui est au centre de la manifestation de l’Esprit.

Par la réception de l’Esprit, le chrétien non seulement a obtenu les dons de grâce, mais il sait aussi discerner ce que sont ces dons et ce qu’ils signifient. Pour résumer: le Saint-Esprit rend le chrétien apte à comprendre l’oeuvre de Dieu.

4. Le Saint-Esprit est aussi décrit comme un acompte (les arrhes), donc une garantie pour la réception du tout. Or la partie reçue en acompte est du même genre que le tout. Celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a donné l’onction, c’est Dieu. Il nous a aussi marqués de son sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l’Esprit (2 Cor 1.22; cf aussi 2 Cor 5.5).

Quand Dieu donne son grand salut, il le donne avec la garantie qu’il l’a donné, et cette garantie est le Saint-Esprit. L’apôtre Jean a compris cela de la même manière: A ceci nous reconnaissons que nous demeurons en 1ui et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit (1 Jean 4.13; 3.24: par l’Esprit qu’il nous a donné). La connaissance ou assurance que Dieu est en nous est indissolublement liée au don de l’Esprit.

Enfin, l’Eglise a le moyen de vérifier (contrôler, tester) que le témoignage de l’Esprit qu’elle perçoit est bien celui de l’Esprit de Dieu: Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu, et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n ‘est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist (1 Jean 4.1-3).

Dans sa première lettre, Jean combat les gnostiques, pour lesquels Jésus n’était pas vraiment humain, ni le Fils de Dieu qui souffrit à la croix en tant que Dieu devenu chair. Les gnostiques pensaient que la présence de l’Esprit devait forcément s’attester par des manifestations extérieures, extraordinaires ou surhumaines. Mais l’évidence que l’Esprit est à l’oeuvre se trouve dans la confession du Seigneur Jésus-Christ devenu homme dans la chair ou, pour parler avec Paul, dans une chair semblable à celle du péché (Rom 8.3).

La démonstration que l’Esprit a été reçu n’est pas d’ordre mystique ou extatique, mais consiste en un clair témoignage que l’homme Jésus, Jésus dans sa chair, est le Christ incarné. Ce témoignage, cette confession, est la première évidence sans équivoque de la divinité et de la présence de l’Esprit (cf aussi 1 Cor 12.1-3).

Soit dit en passant, l’extase était, au premier siècle, un phénomène courant dans les religions à mystères, voire le point culminant de l’expérience spirituelle; elle ne pouvait donc pas être considérée comme une preuve de l’action du Saint-Esprit. Il est intéressant de constater la similarité du déroulement des phénomènes entre le pentecôtisme et les religions à mystères: 1. obéissance active (préparation); 2. obéissance passive (se vider, s’abandonner); 3. manifestation audiovisuelle (glossolalie extatique).

A notre connaissance, il n’est nulle part dit que Dieu rende le récepteur conscient d’avoir reçu le Saint-Esprit (même pas dans Gal 4.6). Par contre, l’Esprit le rend conscient d’être fils de Dieu, signe infaillible qu’il a reçu l’Esprit.

Il est aussi à noter que, dans tous les textes de Paul et de Jean examinés jusqu’ici, l’Esprit ne rend jamais témoignage à lui-même, ni à une quelconque oeuvre qu’il accomplit, pour attirer l’attention sur lui-même. Plutôt, l’Esprit se manifeste indirectement en rendant capable de prier Abba! Père! et de confesser que Jésus est aussi bien humain (1 Jean 4.3) que divin (1 cor 12.3).

5. Résumons. Le don du Saint-Esprit rend les croyants aptes, non seulement à connaître, à comprendre, à discerner, à confesser l’amour de Dieu le Père par la grâce dont ils sont l’objet en Jésus-Christ son Fils, mais aussi à lui adresser leurs prières en tant que ses enfants. Là où la grâce du Seigneur Jésus-Christ et l’amour de Dieu sont au centre de nos préoccupations, il y a la communion du Saint-Esprit (2 Cor 13.13).

Question: Qu’est-ce qui est au centre de ma vie? de la vie de mon église, de mon assemblée, de ma communauté?

B. L’espérance de la foi

Le ministère de l’Esprit n’agit pas que dans le présent; il s’étend aussi à l’avenir: Pour nous, c’est dans la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance de la justice (GaI 5.5).

Lorsqu’on se préoccupe trop intensément de la plénitude spirituelle, comme ce fut le cas dans le contexte colossien par exemple, on risque de perdre de vue le «pas encore» de l’espérance chrétienne. Car ceux qui sont en Christ, non seulement ont reçu la justification, la plénitude, la vie et la rédemption, mais nous qui avons les prémices (l’acompte) de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la redemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or; l’espérance qu’on voit n ‘est plus espérance… Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance (Rom 8.23-25). Aux Ephésiens, Paul écrit: N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption(4.30).

Si toute la plénitude spirituelle nous avait déjà été donnée pleinement, on pourrait se passer de l’espérance, et la foi ne serait plus foi. Mais par l’Esprit, le chrétien non seulement croit, il espère aussi.

Et pourtant, l’espérance chrétienne n’est pas la même chose que prendre ses désirs pour la réalité; c’est une attente ferme et sûre produite en nous par l’Esprit. Comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu est la garantie de notre adoption, à savoir la rédemption de notre corps (Rom 8.23), qui sera revêtu d’incorruptibilité pour devenir ce corps spirituel dont Paul parle dans 1 Corinthiens 15. La raison pour laquelle l’espérance ne trompe pas est d’ailleurs assez inattendue: parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (Rom 5.5). Notre espérance n’est pas de l’optimisme, elle se fonde sur l’amour de Dieu qui nous est révélé par l’Esprit et dont la démonstration objective est la mort de Jésus-Christ à la croix.

L’attente pleine d’espérance n’est pas, dans le NT, une attente de la plénitude du Saint-Esprit. L’objectif de l’espérance et de l’attente dans le NT n’est pas l’Esprit; il est le moyen, la garantie, mais non le but de l’attente et de l’aspiration chrétienne. Selon le NT, le chrétien n’attend pas, au-delà de Christ, une seconde expérience, comme s’il avait reçu l’Esprit imparfaitement à la convesion. Après la Pentecôte, le verbe «attendre» n’est jamais employé en vue de la réception du Saint-Esprit. Plutôt, le chrétien attend par ou dans l’Esprit, par la foi, l’accomplissement de l’espérance de l’Eglise, c’est-à-dire l’héritage de Christ. Ce n’est que parce que Dieu a déjà donné son Esprit que l’espérance chrétienne a de la substance.

Finalement, si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas (Rom 8.9). Un chrétien sans l’Esprit, ou un chrétien où l’Esprit ne serait qu’eu dehors de lui («sur lui») sans habiter en lui, cela n’existe pas. La marque par laquelle tout chrétien né de Dieu se distingue de l’incrédule est précisément le fait que l’Esprit de Dieu habite en lui.

Le passage d’Eph 1.13-14 cité ci-après fournit une conclusion appropriée aux considérations sur le ministère d’espérance du Saint-Esprit; en même temps, il résume son action à travers l’annonce de l’Evangile centrée en Christ et énonce le but eschatologique. La traduction qui suit tient compte de la forme exacte du texte grec:

En lui (condition), vous aussi, ayant entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut (le message), en lui ayant cru (la foi), vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse (le baptême), qui constitue l’acompte (la garantie) de notre héritage, en vue de la rédemption (l’adoption) de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire (but final).

Jean-Pierre Schneider,
chargé de la traduction-adaptation par la rédaction de Promesses

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