Série: La foi chrétienne et le retour au paganisme
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

La foi chrétienne et le retour au paganisme (6)

D. Le «Nouvel Age», spiritualité d’un monde nouveau?

I. Les Etats-Unis d’Amérique, berceau du «Nouvel Age»

Le centre d’activité du renouveau païen allait maintenant se situer au delà de l’Atlantique, dans le Nouveau Monde. Le Nouvel Ordre des Siècles, vision illuministe des Francs-Maçons à la racine de la Révolution française, le Nouvel Homme du paradis communiste, des illuministes marxistes des 19e et 2Oe siècles, le Nouvel Ordre de Mille Ans du Troisième Reich, allait céder le pas à ce Nouvel Age du Monde qui, partant des Etats-Unis, se répand aujourd’hui sur la planète tout entière. Le coeur du maelström traversait l’Atlantique pour se situer dans l’immense république des Etats-Unis d’Amérique. Elle aussi, avec ce retard sur le Vieux Monde qui lui est propre, allait connaître l’effondrement spirituel du modernisme théologique ainsi que cette dévaluation si dangereuse que l’on ne peut qu’appeler l’aplatissement spirituel d’un christianisme évangélique peu soucieux de marcher sous la croix du Christ et de se conformer à ses commandements.

Il ne peut faire aucun doute aujourd’hui: Les Etats-Unis d’Amérique constituent le centre de l’influence des ténèbres dans notre monde. Malgré une présence chrétienne certainement plus forte qu’ailleurs, Satan a cependant aujourd’hui établi son trône dans cette nation. Du résultat du rude combat engagé depuis quelques années entre le christianisme américain et les forces occultes d’occupation dépendra l’avenir immédiat de notre planète. Pensons aux plaies que ce pays a déversé sur le monde depuis la seconde guerre mondiale: la pseudo-mystique pentecôtiste, le rock’n’roll, la drogue, la libération sexuelle, le sida, l’abandon de l’Europe orientale et de la Chine au communisme, le financement constant du communisme international, l’intégration du communisme dans un mouvement unitaire mondialiste, et maintenant ce «Nouvel Age» qui, à partir des Etats-Unis, se répand sur le monde entier. Par contraste, il faut aussi le dire, nous devons aux Etats-Unis d’Amérique l’élan missionnaire mondial, le mouvement de reconstruction chrétienne, l’existence d’une économie viable et la résistance au communisme, toutes ces choses étant en très grande partie dues à la persistance de forces saines dans ce pays immense et contradictoire. Mais le Dieu souverain demeure maître de l’histoire, maître du combat entre son Eglise et les puissances des ténèbres.

Lorsqu’en 1926 Annie Besant chercha à introduire le jeune sage indien, Krisnamurti, choisi par le «nouvel âge» de l’époque comme la personnification même du Christ, il se produisit un phénomène étrange. En mettant pied sur le sol américain, le jeune «messie» fut privé de tous ses pouvoirs surnaturels52. L’on pourrait peut-être en conclure qu’à cette époque encore la puissance spirituelle du christianisme américain dominait toujours celle du paganisme cherchant à envahir l’Amérique. Cinquante années plus tard, il n’en allait plus du tout ainsi. Cependant, déjà au milieu du 19e siècle, le renouveau d’intérêt pour les phénomènes occultes en Europe avait d’abord été déclenché aux Etats-Unis. Mais, à la différence de l’ancien occultisme, toujours considéré par ceux qui s’y engageaient comme quelque chose de dangereux, de grave, la nouvel- le vague ésotérique avait un caractère divertissant, léger, insolite qui masquait l’enjeu spirituel terrible qu’il présentait.

II. Le développement du «Nouvel Age» en Amérique

Le mouvement spirituel mondial que nous appelons aujourd’hui le Nouvel Age tire son origine immédiate des Etats-Unis. Déjà dans les années cinquante, les phénomènes culturels des hippies et du rock’n’roll donnaient la couleur de ce qui devait venir. La culture populaire américaine, surtout parmi les jeunes, s’ouvrait de plus en plus à des mystiques purement naturelles, entièrement coupées de la spiritualité chrétienne. Les extases passionnément recherchées par la jeunesse étaient de type oriental. Elles étaient aussi collectives, comme celles des nazis, et étaient provoquées par une musique hallucinante(53), ou personnelles, obtenues au moyen de drogues(54) ou de pratique de méditation de type oriental. Ce qui auparavant avait été le fait d’une petite minorité d’intellectuels détraqués (comme de Quincey, Coleridge, Baudelaire, Rimbaud) devenait, avec le développement de techniques modernes et la décomposition des résistances d’une société en voie de déchristianisation rapide, la soif irrésistible d’un nombre de plus en plus grand de jeunes. A cela s’ajoutait la libération sexuelle et une mystique érotique, fortement facilitées par le développement d’une mentalité contraceptive et de tout l’appareillage hétéroclite qui l’accompagnait dont, bien sûr, la pilule (55). Tout ceci se passait sur la toile de fond de la disparition rapide des restes d’habitudes morales d’origine chrétienne qui pour un temps avaient, dans de nombreuses familles américaines, survécu à l’effondrement d’une foi authentique. Tout ce mouvement de prétendue libération aboutit à l’explosion de la fin des années soixante où, à toutes ces mystiques personnelles et collectives, fut ajoutée la recherche utopique d’une société parfaite, violente révolte contre la société établie et contre les contraintes de la réalité elle-même. Le lien avec l’utopie communiste était évident dans la révolte des jeunes américains en lutte contre la guerre du Vietnam.

III. Le «Nouvel Âge»: la dernière phase de l’invasion de notre société par le paganisme

Le mouvement hippie qui aboutit à la révolte de 68 fut sans doute l’ultime confrontation violente entre le nouveau paganisme et les derniers restes d’une résistance chrétienne au sein de la société. Le phénomène qui passe sous l’appellation de «Nouvel Age» n’est autre chose que l’infiltration graduelle d’une mentalité païenne dans les structures mêmes de notre société. A la stratégie de confrontation a été substituée une politique de pénétration.

Nous assistons aujourd’hui aux dernières phases d’un véritable changement de société. Les bases mêmes de la civilisation occidentale sont en train d’être transformées. Depuis longtemps déjà, la sève chrétienne avait, du moins en Europe, cessé de féconder, de nourrir nos sociétés. Certaines valeurs chrétiennes persistaient cependant par habitude, par une espèce de vitesse acquise allant petit à petit en s’amenuisant. Les aspects d’une société depuis longtemps athée mais s’affirmant humaniste, n’étaient rien d’autre que des restes de notre héritage chrétien. Mais le vide spirituel que représentait cet humanisme sans fondements religieux ne pouvait durer. La société, comme la nature, ne supporte pas le vide. Ce «Nouvel Age» n’est rien d’autre que la montée générale d’une nouvelle religiosité païenne qui remplit le vide laissé dans notre société par l’apostasie d’une immense partie du christianisme. Une des paraboles du Christ qu’il appliquait au peuple juif de son temps, mais qui vaut pour toutes les apostasies, nous décrit remarquablement ce phénomène: Lorsque l’esprit impur est sorti de l’homme, il traverse des lieux arides, cherche du repos et, comme il n ‘en trouve pas, il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve balayée et ornée. Puis il s’en va et prend sept autres esprits plus mauvais que lui; ils entrent et
s’établissent là, et la dernière condition de cet homme devient pire que la première
(Luc 11.24- 26).

Une nouvelle interprétation de l’histoire

Mais qu’est-ce donc que ce Nouvel Age? Tout changement de civilisation s’accompagne inévitablement d’une transformation de la perspective historique. Notre calendrier moderne, qui met la date de la naissance de Jésus-Christ au coeur de sa chronologie – nous datons tout événement comme se situant avant ou après Jésus-Christ – en est un témoignage évident. L’offensive païenne de la Renaissance avait déjà attaqué cette structure chronologique christocentrique en affublant le moyen âge chrétien de l’adjectif de «ténébreux». Dans cette perspective, le retour du paganisme antique était considéré comme une véritable «renaissance». Plus tard, les attaques du rationalisme devinrent plus explicites et plus violentes. Pour Voltaire et pour ses confrères «philosophes», la disparition de l’influence de «l’infâme» Jésus-Christ ne pouvait être que le retour en gloire des «lumières» et la défaite définitive de la superstition chrétienne. Déjà à cette époque, on imaginait être sur le point d’inaugurer «le nouvel âge des siècles», slogan franc-maçon qui figure depuis belle lurette sur les billets de banque américains. Une transformation radicale du calendrier fut tentée par la Révolution française. Mais la tentative était prématurée et ne dura que quelques années. La première année de l’ère nouvelle commença avec l’exécution du roi et la proclamation de la République.

Ce qu’on appelle le Nouvel Age relève de la même prétention à récrire l’histoire en inaugurant un nouveau vocabulaire chronologique. L’inspiration pour cette nouvelle périodisation est puisée dans la vision astrologique de l’histoire qui se développe si fortement aujourd’hui, les signes du zodiac ayant depuis longtemps remplacé dans nos médias les chroniques chrétiennes ou les fêtes chrétiennes. L’idée ici est que les époques de l’histoire sont marquées par des conjonctions de constellations qui influenceraient l’histoire, donnant ainsi à de longues périodes leur caractère propre. Selon cette théorie astrologique, les derniers deux mille ans représenteraient l’ère du Christ, placés comme ils l’on été sous le signe du Poisson. Ce signe, selon le symbolisme même de l’acrostiche grec utilisé par les premiers chrétiens, ICHTHUS, signifie Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur. Depuis une vingtaine d’années environ, on prétend que la conjonction des astres serait passée du Poisson au Verseau, et que l’histoire aurait de ce fait versé dans l’Age d’Aquarius. Dans cette nouvelle époque, on verrait la polarisation chrétienne-païenne propre à l’âge du Poisson remplacée par une vision religieuse du monde plus synthétisante, plus harmonieuse. Cet âge nouveau verrait s’affirmer de plus en plus ouvertement la concorde entre toutes les oppositions, l’harmonie entre toutes les religions, entre les nations, entre toutes les croyances, toutes les valeurs, toutes les «vérités», christianisme inclu. Un tel syncrétisme total annoncerait une ère sans précédent de prospérité et de paix. Dans ce sens, la détente entre l’Amérique «capitaliste» et l’Union Soviétique «communiste» doit nécessairement remplacer les confrontations de jadis, maintenant définitivement dépassées. La détente et les inévitables conquêtes du communisme qui en sont la conséquence font intégralement partie du Nouvel Age.

Jean-Marc Berthoud

Prochain tranche:
Quelles sont les croyances que véhicule le «Nouvel Age»?

Notes
(52) Dave Hunt: Peace,Prosperity and the Coming Holocaust. Harvest House, Eugene, 1983, p. 126-127
(53) Sur la musique rock: W.Kobli: Le rock. Musique de l’ombre. Maison de la Bible, Genève, 1987
(54) Sur la drogue: Suzanne Labin: Hippies, drogue et sexe. La Table Ronde, Paris, 1970
Pasteur Claudel: Le joint. Celui par lequel tant de scandales arrivent.Editions Vida,Miami, 1987
(55)
Sur la libération sexuelle voyez: Jean-Marc Bertboud: La guerre contre la famille. Résister et Construire, No 2-3, janvier 1988

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Série : La foi chrétienne et le retour au paganisme
Berthoud Jean-Marc
Jean-Marc Berthoud est le président de l’Association Vaudoise de parents chrétiens. Il est l’auteur de nombreux livres sur la défense de la foi chrétienne face à la montée de la sécularisation et du modernisme.