Série: Le Saint-Esprit donné
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Le Saint-Esprit donné (8)

Rappel
Les réflexions qui paraissent sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

V. Les problèmes spirituels probants de l’église de Corinthe

Introduction

Une étude sérieuse de la doctrine du Saint-Esprit dans le Nouveau Testament, en relation avec le pentecôtisme, ne serait pas complète sans la considération des lettres corinthiennes. Les problèmes qui y sont traités sont d’ordre intérieur, ce qui apparaît bien quand Paul parle des dons spirituels (1 Cor 12-14), mais encore mieux dans 2 Cor 10-13. Pour quiconque connaît quelque peu la doctrine pentecôtiste, les développements de l’apôtre Paul sont une véritable révélation.

Dans 1 Cor 1, Paul met en lumière ce que les Corinthiens ont déjà en Christ-Jésus: la sanctification (v. 2), la grâce (4), richesse en parole et connaissance (5), tous les dons spirituels (7). Ce qu’ils ont sera complété par ce qu’on peut nommer «une deuxième expérience » : le jour de notre Seigneur Jésus-Christ, a savoir son retour (8). L’appel primordial est celui à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur (9). En un mot: tout ce que les Corinthiens ont et auront encore, ils l’ont en Christ. Paul insiste parce qu’un certain zèle mal placé semble avoir égaré les Corinthiens au-delà de Christ.

1 Cor 12-14

Dans ces trois chapitres, Paul fait face au problème par excellence de l’église de Corinthe. Il est recommandé de lire au fur et à mesure les chapitres et versets indiqués.

1 Cor 12: L’oeuvre de l’Esprit

(charismes: dons de grâce)

v. 1:

Paul répond à la question: Qui ou qu’est-ce qui est vraiment spirituel? Comment évaluer qui ou ce qui est spirituel? En particulier: Comment la spiritualité doit-elle s’exprimer dans une assemblée?

v. 2:

D’une manière thématique, Paul commence par rappeler aux Corinthiens ce que les «choses spirituelles» (pneumatika) ne sont pas. Evoquant leur passé païen, Paul dit en substance: «La marque de ce qui est authentiquement spirituel n’est pas l’exaltation qui caractérisait jadis votre religion.» Il est significatif que Paul place cette observation au début de son traitement des «choses spirituelles».

v. 3:

Nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit: Jésus est anathème! et nul ne peut dire: Jésus est le Seigneur! si ce n’est par le Saint-Esprit.

L’oeuvre pour ainsi dire classique de l’Esprit est la confession simple et intelligible que Jésus est Seigneur. L’Esprit ne s’exhibe pas dans le Moi en transposant ses pulsions sur un plan supérieur, en subjuguant le Moi, en le noyant dans l’extase; c’est ce qui était arrivé à Corinthe. Paul cherche à rétablir l’utilisation intelligente, intelligible et christocentrique du Moi par l’Esprit.

L’Esprit Saint attribue la divinité au Jésus humain et terrestre, en contraste avec d’autres esprits qui minimisent son humanité. L’Esprit témoigne de l’humanité de Jésus, Fils de Dieu devenu chair, alors que les faux esprits ne témoignent que de ses qualités spirituelles (1 Jean 4.1-3).

En résumé, Paul met en contraste l’expérience religieuse extatique des Corinthiens avant leur conversion et l’expérience produite ensuite par l’Esprit, qui consiste à honorer Jésus en lui attribuant la divinité de manière simple et intelligible. Le fondement est ainsi posé pour ce qui va suivre.

(Remarque: Quiconque me dit: Seigneur, Seigneur! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux; mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père (Mat 7.21). Jésus avertit contre un usage quasi magique de la formule «Jésus est Seigneur».)

v. 4-7:

A ce point, Paul change stratégiquement de vocabulaire. Il remplace le mot «pneumatika» (choses spirituelles) par le mot «charismata» (grâces, choses de grâce). Le ministère de l’Esprit n’est pas la glorification de l’insolite, de l’étrange, du «spirituel», de l’inutile, mais la mise en lumière du Seigneur historique, concret, crucifié et ressuscité, et à présent la distribution continuelle et variée des dons de grâce assurant le service efficace dans l’Eglise. Un charisme, un don de grâce, est d’abord défini comme un service (diakonia, v. 5), non pour l’édification, la jouissance ou la mise en valeur individuelle, mais pour l’ensemble de l’Eglise.

Dans les v. 4-5, la progression passe de l’Esprit au Seigneur (progression évangélique), et non du Seigneur aux dons de l’Esprit, comme pour passer a un plan supérieur. Paul utilise tous les moyens possibles pour préserver la relation intérieure de l’Esprit en fonction de Christ, du spirituel en fonction de la grâce, et des dons individuels en fonction de l’Eglise. Lapidairement exprimé: les différents dons de grâce servent tous au bien commun.

v. 8-11:

Paul énumère à présent une liste de dons. On remarque qu’il commence par les dons qui, touchant au domaine de l’intelligence, s’expriment en paroles parfaitement compréhensibles, et qu’il termine par des dons en langage inconnu qui doit être interprété pour avoir de la valeur.

Ayant en vue l’assemblée entière, il n’attribue de la valeur aux dons que pour autant qu’ils soient compréhensibles et édifiants. Paul semble vouloir indiquer qu’on ne peut pas, pour ainsi dire, prendre un don de grâce chez soi.

Autre aspect: ces dons ne sont pas réservés à quelques-uns seulement. Il sont distribués à chacun en particulier comme I ‘Esprit veut.

v. 1-11: sommaire

Dans cette première partie, Paul met en évidence:

1. Ce n’est pas le plus spectaculaire qui est le plus spirituel.

2. Les dons ne sont pas la récompense d’un quelconque effort, mais des grâces accordées par Dieu comme il veut, sans aucun mérite du récepteur.

3. Les charismes sont donnés primairement pour le bien de l’église et très secondairement pour celui du récepteur

4. Jésus ne peut être séparé de l’Esprit, soit en rabaissant la simple confession que «Jésus est Seigneur» au niveau d’un «christianisme de nom» (sous-entendu: sans vie), soit en jugeant le simple témoignage chrétien comme inférieur à certaines «démonstrations» de l’Esprit et d’enthousiasme exaltant, comprises comme une «spiritualité plus profonde». L’Esprit ne mène pas au-delà de Jésus mais à Jésus même, qui équipe le chrétien pour le service par son Esprit.

En un mot: L’Esprit exalte Jésus-Christ; ceux qui sont spirituellement doués le sont pour servir le Corps de Christ.

v. 12-13:

Au v. 12, le corps humain sert d’exemple pour la diversité dans l’unité qui caractérise le Christ. La phrase nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit est l’approximation la plus proche de l’expression «baptême du (ou dans le) Saint-Esprit», d’ailleurs nulle part trouvée dans tout le Nouveau Testament.

Le Saint-Esprit ne pourrait pas avoir inspiré à Paul un texte plus clair pour faire comprendre aux Corinthiens que tous, c’est-à-dire l’église tout entière, et incidemment chaque église aujourd’hui, est une unité où chaque membre né de l’Esprit a été baptisé dans un seul Esprit et abreuvé d’un seul Esprit. C’est ce qui fait de l’ensemble des membres un seul corps. Jamais Paul ni aucun autre auteur du Nouveau Testament n’enseigne un baptême spirituel réservé à une élite (à ceux qui sont portés à l’exaltation psychique), mais le baptême chrétien donné à tous.

Paul insiste que ce baptême que chaque converti reçoit fait de lui un membre, tous les membres formant un seul corps. Il n’y a pas deux «corps» chrétiens, l’un composé de chrétiens baptisés d’eau d’une manière partiellement spirituelle, l’autre constitué seulement de chrétiens consacrés baptisés ultérieurement et pleinement dans le Saint-Esprit, comme s’il y avait deux baptêmes et deux corps de Christ.

Tenant compte du caractère et de la mission christologique du Saint-Esprit, le baptême du Saint-Esprit est identique avec le baptême en Christ. La distinction faite par le pentecôtisme sur ce point n’a aucun fondement biblique. Le baptême en Christ ne peut pas plus être séparé du baptême dans le Saint-Esprit que Christ du Saint-Esprit lui-même. 2 Cor 3.17-18 dit carrément: le Seigneur, c’est l’Esprit. Le baptême dans le Corps de Christ n’est pas une affaire où l’Esprit serait quasi absent, de sorte qu’il faudrait une revalorisation par un baptême ultérieur, plus «spirituel», dans le Saint-Esprit.

Car selon le texte (v. 13 a), c’est un seul Esprit qui baptise le croyant dans le Corps de Christ.

La parole de Jésus: Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5), confirme, en résumé, non seulement l’enseignement donné aux Corinthiens (1 Cor 6.11), mais aussi celui donné par Pierre le jour de la Pentecôte: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Act 2.38-39).

Le v. 13 se termine ainsi: … et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. Le temps grec utilisé (aoriste) indique que c’est chose faite. Par l’image parlante du verbe abreuver, Paul veut faire comprendre que le chrétien n’est pas seulement baptisé de l’Esprit, mais en même temps rempli de l’Esprit.

L’accumulation des mots «tous» et «un» devait convaincre même le plus obstiné des Corinthiens que par un seul et même baptême ils sont tous devenus un seul et même Corps.

v. 14-31:

Maintenant Paul peut considérer l’autre aspect de la vérité de l’unité organique du corps: sa diversité. S’il est vrai que le corps est formé de membres plus ou moins «honorables» ou «décents», il est aussi vrai que ce ne sont que des distinctions fonctionnelles et non qualitatives ou «spirituelles». Aucune des parties du corps ne doit s’estimer inférieure ou supérieure, car Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu (v. 18). Chaque part a besoin de chaque autre part. Loin de rivaliser, les parts se complètent, en vue du bon fonctionnement du tout.

Paul termine son argumentation par une liste, mais cette fois non de dons, mais de personnes, comme pour indiquer que la liste de neuf dons invoqués aux v. 8-10 n’était pas un inventaire rigide ou invariable. De plus, les ministères établis par Dieu dans l’Eglise ne se recouvrent pas forcément avec les dons énumérés.

Cette liste se distingue des autres par la numérotation des ministères: premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs (enseignants), ensuite il y a … et tout à la fin: diverses sortes de langues. Ce don est aussi nommé en fin de liste au v. 10.

On pourrait considérer les v. 29-30 comme une troisième liste sous forme interrogative, se terminant par l’évocation du don des langues et de leur interprétation; la raison pour avoir toujours nommé ce don on dernier est évidente.

A cet endroit, l’apôtre Paul met un terme à la discussion de ce problème particulier en suggérant aux Corinthiens d’aspirer aux dons les meilleurs.

Jean-Pierre Schneider
chargé de la traduction-adaptation par la rédaction de Promesses

Au prochain numéro
1Cor 13: La manière de l’Esprit (agapé: l’amour)

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