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Les deux esprits

«Mes bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils viennent (sont) de Dieu; car plusieurs faux prophètes ont paru dans le monde» (I Jean 4, 1). De temps à autre, dans les églises apostoliques, comme en Israël autrefois, des hommes et des femmes, appelés prophètes s’exprimaient comme les porte-parole d’une puissance extérieure à leur propre personne. Tout prophète prétendait que sa parole émanait de Dieu, était inspirée par l’Esprit de vérité; il était donc nécessaire, dans l’ancienne alliance comme dans la nouvelle, de mettre à l’épreuve de telles prétentions.
Au temps d’Elie (I Rois 18, 19), les prophètes de Baal et d’Astarté étaient les porte-parole des divinités cananéennes; il y avait aussi ceux qui, comme Elie, étaient des prophètes du Dieu d’Israël (I Rois 18, 4; 13; 22). Il n’était pas difficile de faire la distinction entre ces deux groupes. Le cas était plus compliqué lorsque des prophètes du Dieu d’Israël exprimaient des prophéties contradictoires. En son jour et presque seul, Jérémie, prophète de malheur, luttait pour faire accepter son message, alors que d’autres prophétisaient de bonnes perspectives d’avenir pour le roi et son peuple. Comment savoir qui avait raison? «L’Eternel m’a vraiment envoyé vers vous, pour vous faire entendre toutes ces paroles», disait Jérémie (26, 15). Si ses auditeurs refusaient sa parole, il ne lui restait qu’à en appeler à l’événement. «Mais si un prophète annonce la paix, c’est à l’accomplissement de sa parole que ce prophète sera reconnu comme un véritable envoyé de l’Eternel» (28, 9). La suite mit en évidence la véracité des paroles de Jérémie; les autres étaient de faux prophètes.

Deux épreuves
En Deutéronome 18, 22 et 13, 1-5, deux épreuves permettent de déterminer si un prophète est de Dieu ou pas.
A. «Si ce qu’il dit n’a pas lieu, ce sera là une parole que l’Eternel n’aura pas prononcée; le prophète aura parlé par orgueil: tu n’auras pas peur de lui».
B. Même si la parole du prophète vient à s’accomplir et qu’il te dise: «Allons à d’autres dieux, des dieux que tu ne connais pas», alors, c’est aussi un faux prophète.
La présence de vrais prophètes dans les églises du Nouveau Testament stimulait l’activité de prétendus prophètes dont les affirmations se trouvaient controuvées; ou encore, s’ils parlaient par inspiration, le contenu de leurs déclarations démontrait que l’esprit qui les dirigeait n’était pas l’Esprit de Dieu. Dans les deux cas, il s’agissait de faux prophètes: ceux qui prétendaient recevoir l’inspiration de la part de Dieu et ceux qui étaient dominés par un esprit d’erreur. Mettre à l’épreuve les prophètes revenait à mettre à l’épreuve les esprits qui les inspiraient. Jean ne parle que de deux esprits: l’Esprit de Dieu et l’esprit de l’Antichrist. En cela, il existe une correspondance marquée avec un passage du «QUMRAN», le Manuel de discipline, (rouleau trouvé aux grottes de la Mer Morte), lequel déclare que «Dieu a désigné, pour l’homme, deux esprits par lesquels il doit marcher jusqu’au jour de son jugement: l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur» (appelés aussi le Prince de la lumière et l’Ange des ténèbres).

Aujourd’hui, quant à Christ
«Et voici comment vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu; tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, mais c’est là l’esprit de l’Antichrist, dont vous avez entendu annoncer la venue, et qui est dans le monde déjà maintenant» (4, 2 et 3). Peu avant, Paul écrivant aux Corinthiens à propos de paroles prophétiques, proposait un critère permettant de distinguer les paroles vraies des fausses. Le voici: quel est le témoignage rendu à Christ? (I Cor. 12, 3). Jean adopte la même manière de voir, en s’exprimant toutefois un peu différemment, à cause de la doctrine courante à ce moment-là (doctrine docétique). Mettez à l’épreuve les prophètes, demandez-leur si Jésus est venu dans la chair ou pas! S’ils affirment ce fait, alors il faut les reconnaître comme parlant par l’Esprit de Dieu; sinon, ce n’est pas l’Esprit de Dieu qui parle par eux, mais l’esprit de l’Antichrist!
Les mots «tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair» peuvent avoir une signification plus étendue qu’une simple négation de Son incarnation, bien que cette pensée soit primordiale pour Jean. Ce refus d’admettre l’incarnation est cité dans I Jean 2, 18 et 22 comme un signe de l’Antichrist; l’esprit du grand Antichrist de la fin de la présente dispensation était déjà présent et opérait par le moyen de ces divers antichrists, lesquels refusaient de reconnaître, de professer Jésus. Ainsi, quelle que soit l’éloquence des (soi-disant) prophètes, quelles que soient leurs explications, l’épreuve de leur témoignage quant à Christ et quant à la vérité de sa doctrine forme la base de notre jugement à leur égard.
«Pour vous, mes petits enfants, vous êtes venus de Dieu, et vous avez vaincu ces faux prophètes, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (4, 4).
Les lecteurs chrétiens de l’apôtre Jean n’étaient pas plus versés dans les questions philosophiques que les faux prophètes; cependant, en refusant de se laisser persuader par eux, les chrétiens les ont vaincus. Ils purent le faire en raison de l’habitation du Saint-Esprit demeurant en eux et dont l’onction (soit une force spirituelle intégrée, dominant l’être intime) leur impartissait, leur donnait la vraie connaissance, en les rendant capables de s’attacher à la vérité et de rejeter l’erreur. Si celui qui est en vous est bien l’Esprit-Saint, alors celui qui est dans le monde est l’esprit d’erreur (ou bien comme il est écrit dans Eph. 2, 2, «l’esprit qui agit maintenant dans les enfants de rebellion».)

Le contraste avec l’esprit du monde
«Ils sont du monde; voilà pourquoi ils parlent selon le monde; et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n’est point de Dieu ne nous écoute pas. C’est par là que nous reconnaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur» (4.5-6).
Pourquoi une classe d’hommes est-elle dénommée «du monde»? A cause de la philosophie avec laquelle ils désirent accommoder l’évangile, lui enlevant son caractère de bonne nouvelle et par conséquent sa valeur; cette philosophie est la sagesse courante, séculaire de l’homme, l’opinion admise. Nous avons vu qu’aucune forme de «mondanité» n’est plus inamicale au christianisme que cette recherche de lier ce qui est de Dieu à ce qui est de l’homme, de la terre. Cet essai de lier ces deux valeurs plaît au monde, car cela correspond au désir de la chair et de l’heure. Cette tendance, agréable à la chair, passera, aura sa fin, car la face de ce monde change, mais la vérité de l’évangile n’aura pas de fin. Cette Bonne Nouvelle est de Dieu; le peuple de Dieu la reconnaît par le témoignage intérieur de l’Esprit-Saint dans les coeurs (voir 5,7-11). Ce peuple n’est ainsi pas en danger de confondre l’Esprit de vérité avec l’esprit d’erreur, l’esprit qui égare les hommes (voir 2, 26).


(d’après le Witness, avril 1968).


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