D’un manque à la certitude

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Promesses n° 20, Avril-juin 1972

Témoignage recueilli et mis en forme par Rachel Gamper

Siloé : la piscine de Jérusalem où étaient guéris les malades. Voilà le nom que quatre amis et moi-même donnons en 1993 à l’association d’aide aux personnes alcooliques et toxicomanes que nous créons. Par ailleurs, je suis l’un des fondateurs de la
Banque alimentaire du Jura. Nos locaux permettent ainsi à mon épouse de préparer des colis de denrées alimentaires pour les familles dans le besoin. Mais pourquoi avons-nous ces personnes à cœur ?
C’est en 1939 que je nais en région parisienne, dans une famille où les colères enivrées de mon père ponctuent de violence notre quotidien. Après la guerre, nous nous installons en Normandie où dès l’âge de 11 ans, une poliomyélite me rend le bras droit inutilisable. Mon comportement à l’école laisse fortement à désirer, mais un voisin bienveillant me prend sous son aile pour me former au métier de soudeur.
Ma profession me réussit et dès l’âge de 20 ans, je me rends en Belgique pour l’exercer sur les chantiers d’Anvers, Charleroi, etc. Je suis apprécié dans mon travail, et on me forme à prendre des postes à responsabilité. Mais en parallèle, je bois de plus en plus. Tous mes revenus durement acquis passent dans l’alcool, la débauche et la violence.
J’en donne quelques détails dans mon livre Qui a bu, croira (auto-édition).
Un jour, dans la file d’attente d’un cirque, un camarade et moi rencontrons un homme : René.
Entre chaque numéro du spectacle, il nous « gonfle » en nous parlant de la Croix bleue, une société qui œuvre au relèvement des personnes alcooliques et à leur salut par la foi en Christ.
Et malgré notre agacement profond, nous lui promettons d’assister à la prochaine rencontre de cette association…
Ne me considérant pas comme un ivrogne, à l’issue cette première réunion, je relève le défi que me lance René : m’engager à m’abstenir d’alcool pendant une semaine entière. Mon camarade raconte évidemment l’incident aux copains, qui n’en finissent pas de rire à l’idée. Seul mon orgueil face à eux me permet de tenir ma promesse, car les symptômes de manque m’assaillent dans l’heure qui suit.
La semaine suivante, bien qu’ayant prié tous les jours pour moi, mes nouveaux amis de la Croix Bleue sont surpris de me voir. Et je m’engage ce soir-là à être sobre… durant trois mois. Je suis convaincu que j’y parviendrai par mes propres forces. Je me procure une Bible pour la lire, mais surtout pour mieux contrer les propos de ces gens qui me parlent sans cesse de Jésus.
Au fil des mois, ces amis m’invitent chez eux, me prennent en vacances, m’invitent à l’église. Je me pose de nombreuses questions. Jusqu’au jour où, dans un coin d’un bar, j’ouvre enfin ma Bible au hasard. Mes yeux lisent : « Il y a un temps pour tout… » (Eccl 3.1-8). Interloqué, je comprends que pour moi est arrivé le temps de la paix du cœur.
Le temps de me repentir de mes péchés. Je passe une nuit blanche à résister, mais aux aurores, je capitule : « Seigneur, je veux marcher avec toi, je veux t’obéir. »
Par la suite, je me retrouve engagé dans un ministère auprès de jeunes drogués à Montauban, où je côtoie Georgette, l’intendante, qui deviendra mon épouse en 1980. Après un temps de ministère à Brest, nous nous installons dans le Jura, à Doye.
J’en serai élu maire de 2001 à 2014. Voici le verset biblique que j’affiche dans mon bureau à la mairie : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus » (Col 3.17).
Pour la Coupe du monde 1998, le prêtre de la cité médiévale de Nozeroy, avec lequel nous avions fondé l’association Siloé, m’avait autorisé à installer une exposition biblique dans son Eglise où j’annonce l’Evangile. Elle s’y trouve d’ailleurs
encore, visitée par plus de trois mille touristes chaque année. Grâce aussi à ce prêtre, j’ai animé une émission chrétienne sur les ondes. Ce matériel m’a d’ailleurs permis d’enregistrer une série de conférences avec l’évangéliste Fernand Legrand.
Toujours engagé avec mon épouse dans l’église protestante évangélique de Champagnole, il me reste une seule et même certitude : ce que Jésus a fait pour moi, il peut le faire pour chacun.

Numéro 20

Image de Gamper Rachel

Gamper Rachel

Titulaire d’un Master en Psycholinguistique, Rachel Gamper travaille actuellement pour deux magazines chrétiens. Elle est engagée aux côtés de son mari dans leur assemblée locale et s’intéresse par ailleurs aux circonstances de composition des cantiques, dont elle rédige parfois les histoires.

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