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Cet article est une version condensée d’un message sur un texte des Écritures présenté par David H. Roper à la Peninsula Bible Church, 3505 Middlefield Road, Palo Alto, CA 94306 (www.pbc.org).
Traduit et publié avec l’aimable autorisation de PBC, Palo Alto, CA 94306 (www.pbc.org). La version anglaise complète du message est disponible ici  : https://cdn.pbc.org/Main_Service/1975/05/11/3424.pdf.

Après les visions relatées dans les premiers chapitres de son livre, le prophète délivre une nouvelle prophétie (7-8) dont l’occasion est donnée dans les trois premiers versets du chapitre 7 : « La quatrième année du roi Darius, la parole de l’Éternel fut adressée à Zacharie, le quatrième jour du neuvième mois, qui est le mois de Kisleu. On avait envoyé de Béthel Scharetser et Réguem-Mélec avec ses gens pour implorer l’Éternel, et pour dire aux sacrificateurs de la maison de l’Éternel des armées et aux prophètes : Faut-il que je pleure au cinquième mois et que je fasse abstinence, comme je l’ai fait tant d’années ? » (7.1-3)
Ce passage pose un problème aux traducteurs, car le verset 2 dit littéralement : « Il envoya à Jérusalem Bethel Sharezer Regemmelech ». Tout récemment, un document babylonien a été mis au jour. Il contient le nom d’un homme mentionné ici, Bethel Sharezer, un nom composé.
C’était un fonctionnaire de la cour de Perse, un Juif élevé à une position d’influence, à l’instar de Daniel. Il envoya une délégation de Perse à Jérusalem, avec à sa tête le « Regemmelech ». Ce mot n’est pas un nom personnel, mais désigne un fonctionnaire royal envoyé pour recueillir des informations et les rapporter à la cour. Ces deux hommes étaient donc de hauts fonctionnaires de la cour perse et tous deux étaient juifs.
Leur but était de coordonner leur calendrier liturgique avec celui des Juifs de Jérusalem. Des jeûnes avaient été instaurés lors de l’exil pour commémorer les grandes catastrophes qui ont entraîné la destruction de Jérusalem, du temple et, finalement, de la nation 1 . Les Juifs de Babylone voulaient savoir s’ils devaient continuer à observer ces jeûnes. Zacharie répond négativement à la question du jeûne au chapitre 7, puis positivement au chapitre 8..

La réponse négative : la critique du faux jeûne (ch. 7)

En apparence du moins, le jeûne des Juifs à Babylone était une sorte de repentance nationale, un symbole de leur désir de redresser la situation. Au cours de chacun de ces mois, un jour de tristesse était réservé pour que la nation se repente des péchés qui avaient causé la destruction de Jérusalem. Mais, dit Zacharie en substance, en vérité, vos jeûnes ne sont pas des jeûnes. Vous n’êtes pas plus engagés à vous détourner du péché que le peuple auquel les anciens prophètes ont adressé leurs messages. Votre chagrin n’est pas dû au fait que vous vous êtes repentis de vos péchés, mais au fait que les conséquences de vos actes vous ont rattrapés.
C’est le genre de repentir que vous et moi observons lorsque nous roulons trop vite sur l’autoroute et que nous voyons un radar. Nous levons immédiatement le pied de l’accélérateur. Nous avons roulé trop vite et nous nous « repentons ». Mais ce repentir n’est pas authentique, car dès que le radar est derrière, nous réaccélérons.
En tant que peuple de Dieu aujourd’hui, nous sommes caractérisés par les mêmes attitudes. Extérieurement du moins, nous montrons un esprit de repentance. Lorsque les conséquences de nos fautes commencent à nous rattraper, lorsque nous ressentons la culpabilité et la honte du passé, nous sommes désolés. Mais nous ne nous attaquons pas toujours aux attitudes profondes qui sont à l’origine du péché. Le repentir n’est pas authentique, il n’est que superficiel.
En lisant l’A.T., vous avez certainement rencontré l’expression « les hauts lieux ». De temps en temps, de bons rois purifiaient le peuple. Les Écritures indiquent qu’ils ont abattu les Baals et les Asherim, les dieux étrangers. « Mais [est-il ajouté] les hauts lieux ne disparurent point. »2 À l’origine, les « hauts lieux  » avaient été institués pour des raisons de commodité. Dieu avait ordonné aux Hébreux de se rendre à Jérusalem un certain nombre de fois par an pour y célébrer le culte. Mais le voyage était long, et ils avaient donc trouvé des endroits plus proches de chez eux pour célébrer leur culte, comme certains bosquets d’arbres au sommet des collines.
Mais cela n’a jamais été approuvé par Dieu. Au bout d’un certain temps, ces hauts lieux devenaient des sanctuaires de Baals, des endroits où l’on pratiquait toutes sortes de rites orgiaques de fertilité. Lorsqu’un roi pieux accédait au trône, les Baals et les Asherim étaient retirés des hauts lieux. Mais les hauts lieux eux-mêmes restaient debout. Les dieux étrangers n’allaient pas tarder à revenir, car des souvenirs très forts étaient attachés à ces lieux. La mémoire joue un rôle si important dans notre vie qu’elle nous pousse à retomber dans le péché. Ils auraient dû aller dans ces bosquets avec leurs haches et couper ces arbres et détruire les hauts lieux. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils les ont conservés et pensaient pouvoir y adorer Dieu.
Pourtant, les hauts lieux les entraînaient à nouveau dans leur péché. Tant que les hauts lieux étaient là, la repentance d’Israël n’était pas complète.
Nous aussi avons ces « arbres verts » dans notre vie, auxquels nous revenons sans cesse. Puis, lorsque nous sommes pris dans notre péché et que les conséquences sont si féroces, nous nous repentons et nous nous détournons d’eux. Mais nous y retournons ensuite. Nous n’avons pas vraiment traité le péché en profondeur, nous ne nous sommes pas vraiment repentis. Il peut s’agir d’une habitude établie et confortable, mais qui nous fait du tort ; mais nous la maintenons, parce que lorsque les choses deviennent difficiles, il est toujours agréable de s’y réfugier. Puis lorsqu’elle nous entraîne dans le péché, nous nous repentons mais nous la gardons au lieu de l’abattre.
Puis Zacharie rappelle ce que les prophètes ont dit autrefois (7.8-14). Il oppose la désolation actuelle à l’ancienne prospérité. Notons que les péchés particuliers pointés ici sont des péchés sociaux — contre les faibles : « la veuve et l’orphelin, l’étranger et le pauvre » (7.10) Le véritable état d’une nation se mesure, non pas par son PIB mais à son attitude envers les faibles et les opprimés, envers ceux qui ne peuvent pas se défendre. C’est pourquoi le message des prophètes, tout au long de l’A.T., insiste sur la manière dont on traite la veuve ou l’orphelin — ces actes discrets de miséricorde et d’amour que personne ne voit, mais qui sont les signes d’un véritable changement de cœur.
Zacharie dénonce les jeûnes, qui sont devenus une occasion de se satisfaire soi-même  : Vous vous apitoyez sur votre sort et vous vous donnez bonne conscience. En réalité, vous nourrissez votre ego au lieu de nourrir votre visage. Vous n’êtes pas mieux lotis que les gens d’avant. Faites en sorte que votre repentir soit réel et sincère, et alors Dieu fera quelque chose…

La réponse positive : le jeûne changé en festin (ch. 8)

Dans toute l’Écriture. Dieu ordonne — et ses ordres sont très difficiles ; en fait, ils sont impossibles. Mais il intervient immédiatement pour fournir la grâce, la force, l’encouragement, tout ce dont nous avons besoin pour nous conformer au commandement.
C’est pourquoi, le chapitre 8 enchaîne avec un message positif scandé par l’expression  : «  ainsi parle l’Éternel ». Zacharie ne donne pas seulement un bon conseil ; il révèle la vérité de Dieu.
La vraie repentance consiste toujours à s’aligner sur une norme. Elle n’est pas un simple ressenti. Dieu ne se préoccupe pas de ce que nous ressentons à propos de nos péchés. Ce qui compte pour lui, c’est ce que nous faisons. Dans le N.T., le mot grec pour « se repentir » signifie « changer d’avis ». Se repentir, c’est s’aligner sur les normes de Dieu et faire simplement ce que Dieu nous a demandé de faire, que nous en ayons envie ou non. Tout au long de ce passage, la notion de « vérité » revient sans cesse (7.9 ; 8.3,8,16 (2x),19). La base de toute repentance est de s’aligner sur la vérité, d’aimer ce qui est vrai.
Le signe d’une véritable repentance est d’agir conformément à la vérité. Dieu ne tolère pas de rival ; il peut être jaloux à juste titre (8.2). Dieu nous aime, et il ne tolère pas que des rivaux s’élèvent pour interférer avec notre amour pour lui. Il s’occupera donc des forces qui peuvent se dresser contre nous, des choses qui nous inhibent et nous frustrent et nous empêchent de vouloir nous repentir.
Les versets 4 et 5 décrivent un futur heureux, de personnes âgées et d’enfants dans les rues de Jérusalem, une belle image de prospérité et de joie, un retour à la santé et au bonheur d’autrefois. Est-ce trop beau pour être vrai, se dit le peuple (8.6) ? Oui, si tout dépend de toi, cela n’arrivera jamais. Mais avec Dieu, rien n’est impossible.
Puis Zacharie exhorte le peuple à «  fortifier ses mains » (8.9,13). En d’autres termes : Que votre action soit le fruit d’une véritable repentance, et en résultat vous serez une bénédiction pour les nations. La paix doit régner dans le pays avant que les agriculteurs puissent récolter leurs produits. S’il y a toujours en nous de la culpabilité, des combats, de la frustration,
nous ne pourrons pas être féconds. Nous ne pourrons pas être sensibles aux besoins des autres, parce que nous serons intérieurement dans la tourmente. Mais lorsque nous faisons vraiment face à notre péché, alors la paix vient et nous pouvons
nous consacrer à une activité fructueuse, loin de l’agitation et de l’anxiété (cf. 8.14-16).
Les versets 18 et 19 sont en fait la réponse à la question que la délégation est venue poser aux versets 1 à 3 : « Ainsi parle l’Éternel des armées : Le jeûne du 4e mois, le jeûne du 5e, le jeûne du 7e et le jeûne du 10e se changeront pour la maison de Juda en jours d’allégresse et de joie, en fêtes de réjouissance. Mais aimez la vérité et la paix. » Au lieu de nourrir votre ego, les jours de jeûne deviendront des festins, des sources de joie.
Le résultat du traitement du péché dans notre vie est la joie. Nous sommes libérés de l’agitation que nous connaissions auparavant. En conséquence, les gens seront attirés par nous (cf. 8.20-23). Ils voudront connaître le secret de la joie, qui vient de la libération de la culpabilité, du péché, du passé.
Paul dit qu’il y a une tristesse pieuse et une tristesse du monde (2 Cor 7.10). La tristesse du monde conduit à la mort, parce qu’elle se concentre sur les conséquences de notre péché. Mais il existe une tristesse pieuse qui mène au salut, à la vie et sa caractéristique est qu’elle traite le péché à la racine et qu’elle le rejette.
Père, empêche-nous de justifier et de défendre le péché dans nos vies. Nous te prions pour que la tristesse que nous éprouvons face à notre péché soit une tristesse pieuse, pour que nous soyons prêts à nous aligner sur la vérité et à agir en conséquence.
Nous reconnaissons, Père, que de telles actions sont impossibles en dehors de ta grâce. Mais tu as promis que nous deviendrons une ville de vérité, une montagne sainte. Nous t’en remercions, au nom du Christ, Amen.

  1. ) Le « dixième mois », en -588, Nabuchodonosor avait commencé son siège ; le « quatrième mois », en -586, dix-huit mois plus tard, il avait ouvert une brèche dans les murs et était entré dans la ville ; le « cinquième mois », le temple avait été détruit ; et le « septième mois », le chef politique, Sédécias, avait été assassiné.
  2. Voir par exemple : 1 Rois 15.14 ; 22.44 ; 2 Rois 12.3 ; 14.4 ; 15.4,35

Le livre du prophète Zacharie

Image de David H. Roper

David H. Roper

Pasteur durant plus de 30 ans, David H. Roper a dirigé durant de nombreuses années avec son épouse Carolyn Idaho Mountain Ministries, un lieu de retraite consacré à l’encouragement des couples pastoraux. Il a régulièrement rédigé des textes de méditation pour Notre pain quotidien

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