Les six premiers chapitres de Zacharie décrivent huit visions symboliques. Ces visions se succèdent les unes aux autres et, fait remarquable, ont été reçues en une seule nuit (1.7-6.8). Le chapitre 4 traite de la cinquième vision reçue par le prophète Zacharie. Cette vision comprendra, entre autres, des paroles d’encouragement à Zorobabel, gouverneur de Juda (Agg 1.1), chef politique, à poursuivre la reconstruction du temple.
La situation du peuple au moment où ces visions ont été données doit être soulignée : il était plongé dans une apathie généralisée ; les choses spirituelles passaient au second plan par rapport à leurs biens matériels (Agg 1.4). Malgré le retour d’exil, le peuple semblait jouir d’une certaine qualité de vie ; « vous mangez », « vous buvez », « vous êtes vêtus », « vous avez semé » (Agg 1.6) mais avait de mauvaises priorités : leur propre maison était plus importante que celle de l’Éternel (Agg 1.4,9). Cela ne vous fait-il pas penser à quelque chose ?
1. Structure littéraire du chapitre
Ce texte est construit autour d’un dialogue entre l’ange et Zacharie au sujet d’une vision que Zacharie reçoit en pleine conscience. C’est d’abord l’ange qui lui demande de décrire ce qu’il voit (v. 1-3). Ensuite, Zacharie souhaite comprendre la vision (v. 4-6a). Le message central est adressé à Zorobabel avec le concours de Zacharie qui reçoit les paroles de l’Éternel (v. 6b-10). Enfin, des détails explicatifs sur le chandelier et les deux oliviers sont révélés par l’ange (v. 11-14).
Ainsi, la structure de ce texte apparaît plus clairement sous forme de chiasme :
A : La description du chandelier et des deux branches d’olivier (v. 1-6a)
B : Les deux messages à Zorobabel (v. 6b-10)
A’ : Les deux branches d’olivier source d’approvisionnement du chandelier (v. 11-14)
2. Étude textuelle du chapitre
Description de la vision (v. 1-6a)
Lorsque l’ange qui doit délivrer un message à Zacharie s’approche de lui, il est nécessaire qu’il réveille son
interlocuteur (v. 1). La comparaison « comme un homme que l’on réveille de son sommeil » laisse penser que
Zacharie n’était pas endormi, mais plutôt dans un état de torpeur ou de grande fatigue dû au travail physique
intense et aux réflexions importantes liées à la vision précédente. Pour recevoir cette nouvelle vision et le
message qui l’accompagne, Zacharie doit être en pleine possession de ses moyens.
L’ange qui s’adresse à Zacharie est « l’Ange de l’Éternel » mentionné dans le chapitre précédent : « l’ange qui
me parlait revint ».
Cet ange est « un messager divin qui manifeste la personne et l’autorité de Dieu lui- même… Ses apparitions font toujours progresser le plan rédempteur de Dieu1 .
Cet ange va entrer en dialogue avec Zacharie et lui faire décrire ce qu’il voit dans sa vision (v. 2-3). Bon observateur, éveillé par cette apparition angélique, Zacharie décrit précisément ce qu’il voit. Mais lui reste une question importante : « que signifient ces choses ? » L’ange élude cette question pour délivrer « la parole de l’Éternel à Zorobabel » (v. 6a). Avant d’en savoir plus sur la signification de cette vision, il doit recevoir le message de l’ange pour son compagnon Zorobabel.
Premier message à Zorobabel (v. 6b-7)
De retour d’exil, face à l’apathie spirituelle du peuple et aux difficultés liées à la reconstruction du temple à Jérusalem, Zorobabel a besoin d’encouragement.
L’Éternel le sait et va lui donner une parole forte : « ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais par mon Esprit ». La tâche est si colossale que l’Éternel veut fortifier son serviteur en lui rappelant que ce n’est pas en comptant sur la puissance militaire ou les ressources économiques, ni sur la main d’œuvre humaine qu’il pourra venir à bout de ce gigantesque chantier. Zorobabel n’a ni les moyens et les matériaux de Salomon pour la construction du premier temple, ni la puissance militaire de David. L’Éternel assure ainsi à Zorobabel que l’Esprit va fournir les moyens de la réussite de l’entreprise de reconstruction. Ainsi, il peut aller confiant face à une tâche humainement écrasante symbolisée par la « grande montagne »
(v. 7) : l’Éternel est avec lui et lui donnera les ressources nécessaires, même face à la « grande montagne ». Aussi, cette montagne deviendra une plaine… Il n’y a rien qui ne soit trop compliqué ou trop difficile pour l’Éternel qui a le pouvoir de transformer une grande montagne en une plaine. Zorobabel doit compter sur une force extérieure pour poursuivre ce grand chantier : rien de moins que l’Esprit de Dieu lui-même.
Déjà, l’ange donne la promesse de l’achèvement de la construction en mentionnant que la pierre du faîte2 sera apportée dans les acclamations et que le peuple reconnaîtra la beauté de la construction en s’exclamant : « grâce, grâce sur elle » (v. 7). L’œuvre de reconstruction s’achèvera ainsi dans l’allégresse !
Second message à Zorobabel (v. 8-10)
Adressé par l’Éternel, le message pour Zorobabel est donné en deux temps à Zacharie « et il répondit et me parla » (v. 6) puis « la parole de l’Éternel vint à moi » (v. 8).
Dans ce second message, l’Éternel prédit (v. 10) que ceux qui avaient méprisé le temps des « modestes débuts »
(TOB) ou des « faibles commencements » (NEG79) verront les mains de Zorobabel achever l’œuvre, malgré les obstacles, la grande montagne et les difficultés !
Ses mains qui avaient débuté, achèveront. Non par sa propre force et sa propre puissance, mais par l’Esprit de l’Éternel comme mentionné dans le premier message (v. 6b). L’achèvement de cet énorme chantier, sera même une preuve que le messager a bien été envoyé par l’Éternel.
À la fin du chantier, on verra Zorobabel avec un objet difficile à identifier : un « niveau » (v. 10) à la main.
Il peut être traduit par « plomb » (DBY) ou « pierre d’étain » (NBS). Que cela soit un instrument ou une pierre (la dernière pierre, une pierre spéciale), cet objet symbolise la fin du chantier. Les sept yeux de l’Éternel font allusion à son omniscience. Le texte précise même qu’ils se réjouissent (v. 10). L’Éternel lui-même ne méprise pas cet achèvement, quand bien même la gloire du second temple est bien moindre que la première ! Dieu ne dénigre pas les petits commencements qui aboutissent : il les voit et sait s’en réjouir.
La signification de la vision (v. 11-14)
Enfin, suite à cette vision intrigante du chandelier d’or et des deux oliviers, aux messages délivrés pour Zorobabel, Zacharie souhaite connaître la signification de la vision délivrée plus tôt (v. 1-3). Il relance alors une question (v. 11). Sa première question (v. 4) avait reçu une réponse indirecte. L’ange de l’Éternel ne lui a pas précisé dans sa première réponse ce qu’étaient les choses vues dans la vision. Plutôt, il lui avait immédiatement donné la clé pour réussir son entreprise : l’Esprit de Dieu.
Il avait passé ainsi de l’huile décrite dans la vision à l’Esprit, révélant le sens profond de cette vision.
À nouveau, il ne répondra pas immédiatement à la question, Zacharie la relancera, en précisant davantage ce qu’il voit : « Je pris une seconde fois la parole, et je lui dis : Que signifie les deux rameaux d’olivier, qui sont près des deux conduits d’or d’où découle l’or ? » (v. 12).
L’huile coule en permanence, elle est identifiée à l’or (v. 12) car elle est pure. Elle alimente les lampes en permanence, directement depuis la source au moyen d’un conduit et sans intervention humaine. A noter que cette huile provient « des deux oints » (v. 14) qui ont la particularité de se tenir près du Seigneur.
Qui sont ces deux oliviers qui fournissent l’huile ? Ce sont les deux services civil et sacerdotal par lesquels Dieu accorde l’aide à son peuple : les rois et les sacrificateurs. Les rois et les sacrificateurs étaient tous deux oints d’huile avant de débuter leur service3. Si le chandelier représente Israël 4, l’application immédiate des deux oints se réfère donc à Zorobabel et Josué.
Ces deux oints peuvent être également rapprochés des deux témoins de la grande tribulation (Apoc 11.3- 6) pour une application future. Enfin, les croyants du temps actuel sont appelés également à porter ces deux caractères, royal et sacerdotal (1 Pi 2.9). Ils ont besoin pour cela d’un canal d’huile dorée qui s’écoule de manière continue, pour faire luire leur lampe ! Le Saint-Esprit est la puissance de tout témoignage. Les croyants actuels sont déjà rois et sacrificateurs (Apoc 5.10). Ce service pourra s’exprimer de manière encore plus convaincante lors du règne millénaire.
3. Les questions à me poser
:Ce texte me parle de plusieurs manières :
• Si Dieu me demande de participer à la revitalisation d’un croyant endormi spirituellement, d’une église
découragée ou d’une œuvre en perte de vitesse, suis-je conscient que j’ai besoin du Saint-Esprit ?
Ma responsabilité est d’avoir alors une conscience pure et de ne, ni attrister, ni éteindre l’Esprit dans ma vie, afin qu’il puisse m’utiliser !
• Dans mon service, suis-je conscient de l’inefficacité des efforts humains (la force et la puissance) sans l’Esprit de Dieu ? Toute œuvre est vouée à l’échec si je compte uniquement sur mes propres forces. Dieu veut compter sur des servantes et des serviteurs qui dépendent de lui et comptent sur son Esprit.
• Est-ce que je juge que certains services sont insignifiants ? Dieu valorise les petits commencements ! Aussi petite que soit ma tâche ou celle de mon frère ou de ma sœur, Dieu nous encourage à poursuivre notre service, même face à l’opposition ou des obstacles importants, en comptant sur lui !