Ne craignez pas !
Trois des messages prophétiques de Zacharie sont datés, ce qui nous permet de savoir que Zacharie était contemporain d’Aggée. Les deux prophètes se sont adressés aux Juifs de Jérusalem qui venaient de rentrer de l’exil à Babylone, et tous deux ont encouragé le peuple à reconstruire le temple malgré les découragements et les oppositions (Esd 5.1,2). Le point principal de Zacharie est probablement mieux exprimé en 8.13-15 :
« De même que vous avez été un sujet de malédiction parmi les nations, maison de Juda et maison d’Israël, de même je vous sauverai, et vous serez en bénédiction. Ne craignez pas, et que vos mains se fortifient ! Car ainsi parle l’Éternel des armées : “Comme j’ai eu la pensée de vous faire du mal, dit l’Éternel des armées, et que je ne m’en suis point repenti, ainsi je reviens en arrière et j’ai résolu en ces jours de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda. Ne craignez pas !” »
L’essentiel est là : Ne craignez pas, car je veux vous faire du bien, dit le Seigneur. Tout le livre est constitué de visions et de prophéties sur la manière dont Dieu va sauver Israël et en faire une bénédiction pour les autres. Ces promesses sont estinées à remplir les Juifs d’espoir en Dieu et à les rendre forts et sans crainte.
Comment les païens peuvent-ils bénéficier des promesses faites à Israël ?
L’un des problèmes pour les chrétiens païens comme nous est de savoir comment un livre rempli de promesses faites à Jérusalem et à Juda peut nous aider aujourd’hui. Permettez-moi d’esquisser très brièvement les principes qui guident mon interprétation de telles prophéties.
Tout d’abord, je pense que ces prophéties s’adressent principalement au peuple ethnique d’Israël. C’est lui qui constituait l’auditoire, et lorsqu’il entendait Zacharie parler de « la maison de Juda et la maison d’Israël », il comprenait naturellement le peuple juif, et non l’Église des païens chrétiens.
Deuxièmement, je pense qu’il existe encore un avenir glorieux pour Israël, lorsqu’il se repentira. Il est trop simple de dire que depuis l’époque du Christ, l’Église a remplacé Israël en tant que peuple choisi par Dieu, même si c’est vrai, dans un sens.
La raison pour laquelle c’est trop simple est que dans Romains 11, Paul enseigne que Dieu n’en a pas fini avec l’ethnie d’Israël : « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. »
Paul admet que les Juifs sont temporairement rejetés à cause de leur incrédulité, mais c’est pour notre bénéfice à nous, les païens ; et lorsque le nombre total de païens sera atteint, les Juifs restants se repentiront eux aussi et seront sauvés.« Or, si leur chute (celle des Juifs) a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, combien plus en sera-t-il lorsqu’ils se convertiront tous… Car si leur mise à l’écart (des Juifs) a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon le passage de la mort à la vie ? » (Rom 11.12,15) Ici, Israël se distingue des païens convertis et se voit promettre un avenir glorieux.
Quelques versets plus loin, aux versets 25 et 26, Paul déclare : « Une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé ».
Dans le contexte de Romains 11, il n’est pas justifié d’interpréter « tout Israël » ici comme signifiant autre chose que l’Israël corporatif, ethnique. L’un des principes qui me guident dans la lecture des prophéties de l’Ancien Testament concernant Israël est qu’un avenir glorieux nous attend, lorsqu’Israël se repentira, se tournera vers le Christ et sera sauvé.
Troisièmement, par la foi en Christ, les croyants païens deviennent des partenaires à part entière des promesses faites à Israël dans l’Ancien Testament. Les deux textes clés qui soutiennent ce principe sont Galates 3.29 « Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse » et Éphésiens 2.19 et 3.6 « Ainsi donc, vous (les Gentils) n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu…
Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile ». Ainsi, par la foi en Christ, nous, croyants païens, ne sommes plus « privés du droit de cité en Israël », mais nous sommes partenaires à part entière des « alliances de la promesse » (Éph 2.12).
Quatrièmement, ces trois premiers principes impliquent que les prophéties de l’Ancien Testament adressées à Israël ne sont pas moins que littérales (comme si l’Israël ethnique n’était pas visé), mais plus que littérales, car elles englobent non seulement l’Israël ethnique, mais aussi les enfants païens d’Abraham par la foi (Rom 4.11), qui ne seront pas des citoyens de seconde zone dans le royaume final.
Cinquièmement, et enfin, de nombreux avantages promis au peuple d’Israël s’accomplissent par étapes. Cela est d’autant plus vrai que la venue attendue du Messie s’est déroulée par étapes.
Le Christ est venu une première fois « pour effacer le péché par son sacrifice » (Héb 9.26). Et il « apparaîtra sans péché à ceux qui l’attendent pour leur salut » (Héb 9.28). Dans l’ensemble, les prophéties de l’Ancien Testament ne font pas de
distinction entre ces deux venues. C’est pourquoi, très souvent, certains aspects des promesses de l’Ancien Testament s’accomplissent déjà en Christ, mais la consommation finale attend le dernier jour.
Voici donc les principes qui me guident lorsque je cherche à appliquer Zacharie à nos vies aujourd’hui :
1) il s’adresse principalement à l’ethnie d’Israël ;
2) il y a encore un avenir glorieux pour l’ethnie d’Israël lorsqu’elle se repentira ;
3) par la foi en Christ, nous, croyants païens, devenons pleinement cohéritiers des promesses faites à Israël ;
4) par conséquent, les prophéties de l’Ancien Testament concernant Israël ne sont pas moins que littérales, mais plus que littérales :
5) de nombreux bienfaits promis au peuple d’Israël s’accomplissent par étapes, d’autant plus que le Messie promis vient lui-même en deux étapes.
L’implication pratique de tout ceci est que chaque fois que vous lisez un « ne craignez pas » dans l’Ancien Testament, vous pouvez le prendre pour vous en tant que cohéritier si vous êtes chrétien.
Les raisons données dans l’Ancien Testament pour lesquelles vous ne devez pas craindre se rapportent presque toujours à Israël en premier lieu, mais aussi indirectement à vous en tant que Juif spirituel (Rom 2.29) et enfant d’Abraham (Gal 3.29).
La promesse la plus importante de Zacharie
Nous avons commencé par suggérer que le point principal de la prophétie de Zacharie est : « Ne craignez pas, car Dieu vous veut du bien ». Une façon très profitable de lire ce livre est de marquer chaque verset où Dieu dit qu’il va faire quelque chose de bien pour Jérusalem. J’ai marqué plus de 50 versets. Mais comme nous ne pouvons pas tous les examiner, concentrons-nous sur le plus important d’entre eux : 13.1. Je l’appelle le plus important parce que tous les autres avantages promis à Israël (et à nous) dépendent de celui-ci.
« En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté. »
Zacharie promet au peuple qu’à un moment donné, une fontaine s’ouvrira pour le débarrasser de son péché et de sa culpabilité. Je dis que c’est le fondement de toutes les autres bénédictions promises, car les pécheurs ne peuvent espérer
hériter des richesses de Dieu que si leurs péchés sont pardonnés. La fontaine de purification est le premier point de contrôle sur la route du ciel.
Pour comprendre cette promesse de l’Avent dans le contexte de Zacharie, je veux essayer de répondre à trois questions : premièrement, pourquoi fallait- il encore ouvrir une fontaine ?
Deuxièmement, comment cette fontaine apporte-t-elle le pardon ?
Troisièmement, pour qui cette fontaine apporte-t-elle la purification ?
Pourquoi ouvrir une autre source ?
Tout d’abord, pourquoi une fontaine devait-elle encore être ouverte ? Voyez-vous ce qu’une telle promesse devait signifier pour un Juif avisé ? Cela devait signifier que toutes les dispositions de purification de l’ancien système sacrificiel étaient
inadéquates pour traiter le péché (Héb 10.2-4).
Pourquoi les sacrifices d’animaux étaient-ils inadéquats ? Parce que la perte subie par un animal n’est pas comparable à la blessure que notre péché porte à la gloire de Dieu. Le mal essentiel du péché n’est pas la ruine qu’il apporte à la vie humaine,
mais le mépris qu’il porte à la gloire de Dieu. Si nous pouvions saisir l’horreur du mal que représente la méfiance et la désobéissance de l’être humain à l’égard de son Créateur tout glorieux, nous ne trébucherions pas sur la justice de l’enfer et nous ne nous étonnerions pas qu’un seul sacrifice puisse expier notre méchanceté : le sacrifice du Fils unique de Dieu. Notre désobéissance à un Dieu infiniment digne est une désobéissance infiniment blâmable, qui mérite un tourment sans fin (Matt 25.46). Par conséquent, aucun sacrifice animal ou même humain ne peut réparer notre péché. Seule une humiliation infinie par respect pour Dieu pourrait réparer la blessure par laquelle nous avons porté atteinte à la gloire du Tout-Puissant. La fontaine qui devait s’ouvrir n’était pas le cou d’un animal, mais le côté transpercé du Fils de Dieu. Zacharie ne pouvait pas voir toute l’histoire, mais Dieu lui a montré au moins ceci : si quelqu’un doit être sauvé du péché, une nouvelle source doit être ouverte.
Comment cette fontaine nettoie-t-elle ?
En 3.8 et 9, Zacharie montre que le pardon des péchés est lié à la venue du Messie, qu’il appelle le Rameau 2. A la fin du verset 8, Dieu dit : « Voici je ferai venir mon serviteur, le germe ». Puis à la fin du verset 9 : « et j’enlèverai l’iniquité de ce pays, en un seul jour ». Deux choses sont importantes ici : premièrement, il y a un lien étroit entre la venue du germe (le Messie) et l’élimination de la culpabilité ; deuxièmement, la culpabilité est éliminée en un seul jour. Cela correspond parfaitement à la mort du Christ. Il était le Messie prophétisé par Zacharie (cf. 9.9 avec Matt 21.5), et son sacrifice n’a pas besoin d’être répété – il a réglé tous les péchés en un seul acte d’expiation une fois pour toutes (Héb 9.24-26).
Mais pour que la source du sang du Christ puisse effacer le péché, les pécheurs doivent être pénitents et l’appeler à la miséricorde. Les humains ne sont pas naturellement désolés de la façon dont ils méprisent Dieu en se méfiant de lui et en lui désobéissant. Pour qu’un esprit de tristesse pour le péché puisse naître chez un pécheur, il faut que Dieu agisse. Le Saint-Esprit doit le convaincre de péché. Cela va se produire en Israël : « Alors je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem, un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont percé. Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, Ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur un premier-né. En ce jour-là, le deuil sera grand à Jérusalem » (Zach 12.10,11a).
La seule raison pour laquelle on pleure un enfant unique et on pleure amèrement un premier-né, c’est parce qu’il est mort.
Par conséquent, Zacharie doit signifier que le peuple a transpercé et tué quelqu’un et qu’il est maintenant profondément affligé et désolé pour son péché. Trois choses sont prédites dans ce passage mystérieux. Premièrement, les habitants de Jérusalem vont transpercer et tuer quelqu’un d’extrêmement important. C’est ce qu’ils ont fait lors de la crucifixion de Jésus, dont les mains, les pieds et le côté ont été transpercés (ouvrant une source de purification !). Deuxièmement, Dieu va condamner la maison de David et les habitants de Jérusalem pour leur péché. Troisièmement, ils seront remplis de tristesse pour leur péché et crieront à Dieu pour implorer sa miséricorde.
Lorsque cela se produit, la fontaine du pardon de Dieu coule librement et enlève la culpabilité de Jérusalem. C’est ainsi que Zacharie peut dire en 14.11 : « On habitera dans son sein, et il n’y aura plus d’interdit ; Jérusalem sera en sécurité. » Et en
2.5 : « Je serai pour elle, dit l’Éternel, une muraille de feu tout autour, et je serai sa gloire au milieu d’elle. » Et en 2.10 : « Pousse des cris d’allégresse et réjouis-toi, fille de Sion ! Car voici, je viens, et j’habiterai au milieu de toi, dit l’Éternel. » Et en 8.8 : « Je les ramènerai, et ils habiteront au milieu de Jérusalem ; ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu avec vérité et droiture. » Toutes les promesses faites à Israël dans le livre de Zacharie (en fait, dans toute la Bible) dépendent de la fontaine ouverte du sang du Christ et de la repentance du peuple de Dieu.
À qui s’adresse cette purification ?
Enfin, nous demandons : pour qui cette fontaine ouverte offre-t-elle une purification ? Qui peut lire Zacharie et y trouver un espoir personnel ? La réponse la plus évidente est le peuple juif. Bien qu’ils aient déplu à Dieu (1 Thess 2.15) en rejetant son Fils, leur Messie, jusqu’à ce jour, Dieu promet encore sa miséricorde. Un jour, il lèvera le voile de leur esprit (2 Cor 3.14), ôtera l’endurcissement de leur cœur (Rom 11.25), répandra sur eux un esprit de grâce et de supplication, et ils se tourneront vers Jésus et le confesseront comme Seigneur et Christ.
Il se peut même que nous voyions les prémices de ce déversement final dans le mouvement juif messianique contemporain. Nous devrions prier pour tous nos amis et associés juifs et leur parler u Christ avec audace.
Mais le message de Zacharie est aussi une parole d’espoir pour nous, chrétiens païens. Si nous comprenons ce que le Christ a fait pour nous en ouvrant la source de son sang, alors nous saurons que nous sommes inclus dans les promesses de Zacharie.
Lorsque nous entendons Dieu dire dans Zacharie 2.10 : « Pousse des cris d’allégresse et réjouis-toi, fille de Sion ! Car voici, je viens, et j’habiterai au milieu de toi, dit l’Éternel », nous ne pouvons nous empêcher d’entendre aussi les paroles d’Hébreux 12.22 qui nous sont adressées : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ».
C’est ainsi que nous nous rappelons qu’en Christ, nous ne sommes plus étrangers à la communauté d’Israël et aux alliances de la promesse (Éph 2.12).
L’espérance, la joie et la gloire de Zacharie sont notre espérance, notre joie et notre gloire, en tant qu’enfants d’Abraham et citoyens de la nouvelle Jérusalem.
Et Dieu a eu la bonté de nous le confirmer, même dans le livre de Zacharie. Par exemple, juste après la grande promesse de 2.10, il dit : « Beaucoup de nations s’attacheront à l’Éternel en ce jour-là, et deviendront mon peuple ; j’habiterai au milieu de toi, et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé vers toi » (voir aussi 9.7 ; 8.13, 20-23 ; 14.16). Des nations nombreuses s’attacheront à l’Éternel ! C’est vous et moi. La fontaine du pardon a été ouverte pour vous. Et si vous vous purifiez par la foi dans cette fontaine, toutes les promesses ultérieures faites au peuple de Dieu sont les vôtres. « J’ai résolu en ces jours de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda. Ne craignez pas ! Que vos mains se fortifient ! » (8.15, 13b).