Faites-vous du favoritisme ? Jacques 2.1-26

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Dans les premiers temps de l’Église, certains chrétiens avaient tendance à faire du favoritisme, c’est-à-dire à favoriser quelqu’un pour des raisons superficielles et extérieures, comme l’apparence, la race, la richesse, le rang social ou le statut. Jacques dénonce cette attitude en imaginant l’exemple d’un  riche  et  d’un  pauvre  qui  entrent  dans  un  rassemblement  de  chrétiens.  Ceux-ci  risquent  de favoriser le riche en lui donnant une place d’honneur bien confortable, et inversement de manquer d’égards envers le pauvre, en le laissant se tenir debout ou, pire, s’asseoir au-dessous d’un de leurs marchepieds. La raison de ce favoritisme se trouve dans l’apparence des visiteurs. Le riche porte un anneau d’or et un habit magnifique, ce qui lui permet d’être traité comme une haute personnalité. Le pauvre, au contraire, est vêtu misérablement. S’il agit avec partialité, le chrétien juge ses prochains avec de mauvaises pensées, des intentions perverses (v. 4) : il considère l’un mieux que l’autre, sans raison valable.

Quelques éléments de contexte

Les places dans les synagogues : les synagogues comportaient des bancs disposés tout autour du mur extérieur et un ou deux bancs installés devant. La majorité des personnes s’accroupissaient par terre ou se tenaient debout. Les places d’honneur, en nombre limité, étaient particulièrement convoitées par les pharisiens (Marc 12.38-39).

L’anneau d’or : dans le monde antique, les personnes les plus prétentieuses portaient plusieurs bagues. Il s’agissait d’une manière d’afficher son statut social. Il semble même qu’il existait tout un marché de bagues de location ! Les Juifs avaient eux aussi l’habitude de porter des bagues (Luc 15.22). Toutefois, seuls les riches pouvaient s’offrir des bijoux en or.

L’habit magnifique : ce terme désigne des vêtements brillants et ostentatoires (qui cherchent à impressionner).

1) La foi ne fait pas  de favoritisme

Faire du favoritisme ne se justifie absolument pas pour le chrétien. Au contraire, cela va à l’encontre de ce que Dieu attend de lui. Jacques mentionne trois raisons pour lesquelles le favoritisme n’a pas lieu d’être.

Parce que Dieu lui-même n’en fait pas (v. 5)

« Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? » Dieu s’est révélé d’une manière particulière aux faibles et aux pauvres pour montrer qu’il ne tenait pas compte de la richesse des hommes ni de leur sagesse :
« Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu. » (1 Cor 1.27-29)
Dieu ne fait aucune différence entre nous, il ne favorise personne. Notamment en ce qui concerne le salut : la vie éternelle ne peut pas se payer, se gagner ou encore se mériter. Ce qui compte, c’est comprendre que nous sommes pauvres aux yeux de Dieu, que nous ne méritons rien ; en effet nous sommes pécheurs, et c’est grâce à l’œuvre de Jésus 0que Dieu peut nous enrichir de la vie éternelle.
Ce n’est pas une faute aux yeux de Dieu d’être riche.
Son appréciation dépend de ce que nous faisons des richesses matérielles qu’il nous confie. Il attend de nous que nous l’aimions, dans notre cœur et au travers de notre comportement, quels que soient notre rang social, notre travail, notre salaire, notre nationalité etc.

Parce que c’était imiter les riches non-chrétiens de l’époque (v. 6-7)

Jacques ne comprenait pas pourquoi les chrétiens auxquels il s’adressait favorisaient les riches et méprisaient les pauvres. Car c’étaient justement les riches non-chrétiens dans la société juive de l’époque qui exploitaient les pauvres, qui harcelaient et tourmentaient les chrétiens, les trainant evant les tribunaux religieux.

Parce que c’est la loi royale (v. 8-11)

Certes, le chrétien n’est plus sous la loi, mais sous la grâce. Cela signifie que nous ne sommes plus condamnés puisque Dieu nous pardonne nos péchés si nous nous repentons et croyons à l’œuvre de Jésus-Christ. Mais cela ne nous dispense pas de chercher à suivre les commandements de Dieu. Car la loi reflète le caractère de Dieu, et la manière dont il désire que nous nous conduisions (Rom 8.4).
Jacques avertit alors ses lecteurs : s’ils font du favoritisme, ils n’obéissent pas à la loi et ne font pas ce que Dieu attend des croyants. Il précise aussi que pour suivre la loi, il faut se concentrer sur la loi royale. La loi royale, c’est aimer son prochain comme soi-même (Lév 19.18). Ce commandement, associé à un deuxième commandement tout aussi essentiel (« Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » Deut 6.5), résume la loi dans son ensemble : « Maître quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes ». (Mat 22.36-40)
Si j’aime véritablement Dieu, j’ai à cœur de lui plaire en accomplissant ce qu’il nous commande. Si j’aime véritablement mon prochain, je ne vais pas le tromper, le voler, encore moins le tuer !
« Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements […] se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain  comme  toi-même.  L’amour  ne  fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi. » (Rom 13.8-10 ; cf. 1 Thes 4.9)
En faisant du favoritisme, les chrétiens à qui Jacques s’adressait manquaient au commandement d’aimer leur prochain et Dieu.

2) Une solution pour ne pas  faire de favoritisme :  la loi de la liberté (v. 12)

Jacques nous encourage à vivre en appliquant « la loi de liberté ». Nous avons été libérés du péché par Christ, nous ne sommes plus esclaves du péché. La vie de Christ en nous et l’action du Saint-Esprit dans notre cœur nous permettent de vivre comme Dieu le souhaite. Vivons cette liberté et ne revenons pas en arrière en péchant de nouveau (Rom 6). Obéissons à cette loi de liberté, laissons Christ nous transformer pour aimer chacun, indépendamment de son statut social !

3) Une motivation pour  ne pas faire de favoritisme :  le jugement de nos œuvres  (v. 13-26)

Jacques nous dit que faire preuve de miséricorde triomphe du jugement. Il faut comprendre que le chrétien certes ne sera pas jugé pour ses péchés (Jean 5.24; Rom 8.1), mais il sera jugé et récompensé selon ses œuvres.
« Nous comparaitrons tous devant le tribunal de Dieu […]. Chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. » (Rom 14.10,12)
« C’est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. » (2 Cor 5.9-10)
Faire preuve de miséricorde, c’est prendre soin des pauvres et justement ne pas faire de favoritisme à leur détriment. Si nous sommes miséricordieux, nous serons récompensés. Au contraire, le chrétien qui méprise les pauvres n’est pas miséricordieux et sera jugé pour cela.

4) Conclusion

Ce texte de l’épître de Jacques nous invite à réfléchir à plusieurs questions : Accordons-nous aussi ans nos églises plus d’importance à certaines personnes au détriment d’autres ? Que sont les anneaux ’or et les habits magnifiques d’aujourd’hui ? Cherchons-nous aujourd’hui aussi à être bien vus et à nous faire remarquer ? Quelles apparences avons-nous tendance à favoriser ?
Si nous croyons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, que Dieu est un Dieu de grâce et de miséricorde, que sa Parole est vraie et qu’un jour il nous jugera, nous ne pouvons pas faire de favoritisme ! Prenons exemple sur Dieu, qui fait grâce à nous tous, nous voit tous égaux, sans distinction. Cela nous force à avoir des relations avec nos prochains fondées sur le plan de Dieu et non pas sur leur mérite ou leur apparence.
« Par sa naissance et sa mort, Jésus a fait tomber les murs entre les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, les gens instruits et ceux qui ne le sont pas.
Reconstruire ces murs est mal. Nous ne pouvons faire cela si nous croyons en la grâce de Dieu. » 1

  1. W.W. Wiersbe, Soyez matures, BLF, p. 66

Vivre les différences dans l'Église

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Lionel Rochat

Lionel Rochat est marié et père de deux enfants. Responsable durant plus d’une décennie d’un camp de jeunes, enseignant, il est actif au sein de l’assemblée chrétienne de Pampigny (Suisse) où il s’occupe avec son épouse d’un groupe de pré-adolescents.

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