J’ai fréquenté  plusieurs églises et apprécié leur diversité

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Je m’appelle Carolina. Je suis née en Colombie, dans un foyer où l’on allait dans deux lieux de culte : mon père, qui avait été élevé par des Jésuites, allait à la messe ; ma mère allait avec moi dans une église charismatique. Pour ma mère, la Bible était le livre le plus important à lire. Tous les matins, elle me lisait un passage. Pour mon père, lire tout seul la Bible était presque un péché, il avait appris que seuls les prêtres avaient ce droit. Malgré leurs divergences, j’ai grandi avec la certitude de l’existence d’un Dieu digne d’être adoré.
À l’âge de 9 ans j’ai été particulièrement traumatisée par le divorce de mes parents et la Bible a été ma force. Je la lisais pendant les récréations et l’enseignement dans l’église m’aidait à la comprendre. La musique des temps d’adoration m’encourageait, m’émouvait. Quand je voulais parler à Dieu, les mots ne venaient pas facilement alors je parlais en langues ou bien, à la maison, je prenais ma guitare, je chantonnais et ma communication avec Dieu démarrait ainsi. La musique ou la glossolalie étaient pour moi une sorte de béquille pour pouvoir commencer à prier (plus tard, ce fut la course à pied !).
Dans l’église charismatique j’ai appris l’importance des temps quotidiens de communion intime avec Dieu. J’ai appris qu’on pouvait vivre des moments privilégiés, de qualité, avec le Dieu de l’univers.
Mais l’église était très grande et moi très réservée.
Il m’était difficile de m’intégrer dans le groupe de jeunes. Nous nous retrouvions lors des cultes, des activités organisées par l’église mais pas vraiment dans l’intimité d’une maison pour simplement être ensemble entre frères et sœurs. Cela me manquait beaucoup.
Au lycée, un ami m’a invitée au groupe de jeunes de son église. C’était une église mennonite. Elle était beaucoup plus petite et les jeunes étaient vraiment  des  amis  ;  ils  s’invitaient,  rigolaient ensemble, s’accompagnaient même pour faire des démarches administratives ! J’ai été très régulière aux différentes rencontres et retraites de jeunes.
J’ai pu tisser des amitiés profondes avec ces frères et sœurs et vivre la communion fraternelle au quotidien. Dans cette église j’ai expérimenté l’amour et la joie entre frères et sœurs. Quels beaux moments !

À l’âge de 18 ans, j’ai quitté mon pays pour venir faire des études en France. La pensée qui me portait était celle du Dieu Créateur qui était à mes côtés. Je me souviens lui avoir dit dans l’avion : « La Colombie, la France, t’appartiennent. Où que j’aille, je serai chez toi. » Arrivée en France, à Bordeaux, je pensais trouver une église facilement, comme à Bogota où il y a de grands panneaux indiquant les églises, leur dénomination, etc. Mais ce n’était pas du tout le cas. J’ai cherché des églises dans un annuaire téléphonique et chaque dimanche j’allais trouver l’adresse indiquée. Mais j’ai toujours trouvé les portes closes. En me rendant un jour à  la  bibliothèque,  j’ai  découvert  une  librairie chrétienne. La dame qui s’en occupait m’a accueillie très chaleureusement. Elle m’a invitée à venir dans son église. Je me suis donc rendue à l’Assemblée de Dieu (ADD) le dimanche suivant. C’était une très grande église mais la présence de la libraire et de son mari a été un baume pour mon cœur dans cette première année d’expatriée. Dans cette église où je me fondais dans la foule, ce couple m’a témoigné de l’amour sans que je n’aie rien à leur donner en retour. Je suis allée dans cette église pendant toute l’année scolaire mais je désirais au fond de moi trouver une petite église où je pourrais tisser plus de liens.
J’ai eu la bénédiction de découvrir le GBU (Groupe Biblique Universitaire) et d’avoir des amis chrétiens (j’y ai d’ailleurs rencontré celui qui est devenu mon mari !). J’étais cependant toujours à la recherche d’une petite église. Une fille m’a parlé de la sienne. Elle m’a dit que, dans son église, les cultes n’étaient pas préparés, que chacun indiquait un chant, priait, apportait une exhortation… En écoutant la description qu’elle en faisait, je m’imaginais une église un peu « hippie », avec des personnes assises sur des troncs d’arbres, une guitare et des chants indiqués par les uns et les autres. Cette idée me plaisait bien, je m’y suis donc rendue le dimanche suivant. Le culte ne se tenait pas à l’air libre ni sur des troncs d’arbres et il n’y avait pas non plus de guitare. Les dames avaient des chapeaux, on ne bavardait pas, c’était très solennel. Il n’y avait pas non plus de projection de chants mais tout le monde avait un petit recueil. Je parlais le français mais je ne comprenais pas les paroles chantées. J’avais de la peine pour un monsieur qui commençait toujours à chanter avant les autres et qui chantait très fort. Je me disais : « le pauvre, personne ne lui a dit qu’il commence trop tôt ! »  (plus tard, j’ai compris qu’il entonnait !). En sortant, une dame m’a demandé si j’étais « en communion. », j’ai compris qu’elle voulait me demander si j’étais « en harmonie, zen… ». Je lui ai raconté comment je me sentais 🙂 Cette église était une Assemblée de frères.
Ce que j’y avais vécu était tellement différent de ce que je m’étais imaginé que j’ai voulu y retourner. J’ai assisté aux réunions d’étude biblique et j’ai découvert une impressionnante richesse de la Parole de Dieu. J’étais émerveillée par tout ce que l’on pouvait retirer d’un passage. Au GBU et dans cette église, j’ai appris à oser questionner le texte biblique. Jusque-là, j’avais surtout été habituée à écouter des prédications mais sans une recherche personnelle du sens du texte. Dans cette église j’ai appris combien la Parole de Dieu peut être riche et adéquate pour mon quotidien. Je suis allée plusieurs fois dans cette église pour les réunions d’étude.
Une autre amie du GBU m’a invitée dans son église.
C’était une petite église baptiste. J’ai choisi de m’y investir pour pouvoir tisser des liens fraternels. Cela me paraissait plus envisageable que dans l’ADD. Dans cette église baptiste, l’accent était mis sur l’évangélisation et la sanctification.
Suite à un passage douloureux dans ma vie, j’ai dû déménager en région parisienne.  La recherche d’église reprenait. Une amie des Assemblées de frères m’a invitée à un week-end de jeunes. C’était un beau moment d’enrichissement spirituel et de  partage  avec  des  frères  et  sœurs.  Un  des responsables m’a invitée dans son assemblée. Le dimanche suivant, j’y suis allée et j’ai décidé que c’était là que je voulais rester. Dans cette assemblée, la parole de Dieu était enseignée en profondeur et j’ai enfin trouvé la communion fraternelle que mon cœur désirait. Chaque dimanche j’ai été invitée pour manger chez des familles, aucun dimanche je n’ai été seule. Les dimanches étaient des moments réconfortants, sécurisants. Plusieurs événements que j’avais vécus auparavant m’avaient profondément meurtrie et dans cette église, j’ai trouvé du réconfort. À la place du jugement, j’ai trouvé l’accueil et la bonté. Là où il y avait la peur, Dieu a placé un cadre sécurisant. Les frères et sœurs de cette église de frères ont été placés par Dieu sur mon chemin pour être des infirmiers, des aides-soignants pour mon cœur.

En 2009 j’ai épousé un ancien GBUssien. Son travail nous a conduits à nous installer à Rouen. Ensemble nous avons cherché un lieu de culte et finalement, lors d’un dimanche dans une église baptiste, nous avons eu le sentiment simultanément que Dieu nous voulait là. Le chemin n’a pas toujours été simple mais nous avons toujours gardé dans nos cœurs ce dimanche où nous nous sommes sentis appelés à être là. Notre église est touchante par sa diversité, sa joie, la spontanéité de nos frères et sœurs, le souci que les uns ont pour les autres, la foi pétillante de beaucoup, le désir d’honorer Dieu.
Lorsqu’on m’a demandé d’écrire cet article, je ne voyais pas ce que je pouvais dire d’édifiant sur mon parcours au travers des différentes églises ; mais maintenant je vois que penser à ce chemin a été une manière inattendue pour moi de compter les bienfaits de Dieu. Combien Dieu est bon et grand, combien ses chemins sont parfaits ! 

Vivre les différences dans l'Église

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